../s3_ae.gif Année 2021. Billets d'humeur syndicale
Billets d'humeur écrits CHAQUE SEMAINE en 2021 avec pour thème : l'enseignement (Evelyne_Cima ©2021).

Les « billets d'humeur » 2021 d'Evelyne.

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Je testerai, tu testeras, il testera… plus tard et si possible !

7 mars 2021
Je testerai, tu testeras, il testera… plus tard et si possible !

Le 20 février 2021, sur la chaîne BFMTV, le ministre de l'Éducation nationale assurait non sans une certaine solennité, qu’entre le 22 et le 28 février, 50 000 à 80 000 tests salivaires (covid-19) allaient être réalisés dans les établissements scolaires de la zone A ; celle reprenant justement l’école le 22 février.

Le 2 mars, sur France-Inter, Jean-Michel Blanquer avouait sans sourciller que moins de 10 000 tests salivaires avaient été réalisés. En disant « moins de 10 000 » il ne nous trompait pas sur le mot « moins » car seulement 3 000 tests avaient été effectués ! Mais l’important pour lui n’était-il pas qu’il en ait annoncé au moins 50 000, la semaine précédente, pour en mettre plein la vue à son auditoire ? En fait, comme on peut le constater souvent, les effets d’annonce grisent de nombreux personnages politiques et leurs fans s’en réjouissent ! C’est peut-être la raison pour laquelle le ministre Blanquer a aussi proclamé qu’à partir de la mi-mars ce ne serait plus 50 000 tests salivaires qui seraient réalisés par semaine dans les écoles et les établissements scolaires, mais 300 000 ! « Nous avons les moyens en termes de tests et en termes logistiques de cette montée en puissance progressive » a-t-il précisé !

Comme « en termes de » signifie « dans le vocabulaire de », notre ministre ne se mouille pas. Le vocabulaire de la logistique permet une montée en puissance… mais qui pourrait monter bien moins vite qu’annoncé. En effet, il faut du personnel pour faire tous ces tests. Et le personnel, affublé du titre de « médiateurs de lutte anti-COVID pour les campagnes de tests salivaires en milieu scolaire », n’est toujours pas recruté ! C’est ce qu’est justement en train de faire par exemple l’académie de Montpellier qui, par voie d’annonces, recherche des étudiants, personnes titulaires d’un diplôme niveau Baccalauréat, et/ou d’un diplôme des filières sanitaire et sociale…

Ce sont ces « médiateurs » au nombre de 1700 qui, sous la responsabilité d’un professionnel de l’Éducation nationale et sous réserve d’avoir suivi une formation préalable, seront amenés à assurer, entre autres, le prélèvement, l’analyse et la communication du résultat des tests salivaires RT-PCR pour la détection du SARS-Cov 2 !

Lorsqu’on connaît la charge de travail prévue pour ces « médiateurs », charge dont j’abrège la liste : accueil de chaque élève pour lui expliquer le déroulement du test, recueil et saisie de l’information relative à l’élève pris en charge, prélèvement, analyse et communication du résultat du test… et s’ils ont suivi la formation « contact tracing », collecte des informations relatives aux contacts des personnes infectées, comment peut-on espérer qu’ils auront le temps d’effectuer ensemble autant de tests chaque semaine ?

Pensez-vous que ces jeunes étudiants, ces personnes titulaires d’un diplôme niveau Baccalauréat, pourront être bien formés en seulement quelques jours pour une tâche si lourde ? Et encore faudra-t-il, ensuite, que ces « médiateurs » aient le matériel de tests en quantité suffisante !

Alors seulement notre ministre pourra enfin, et en toute honnêteté, nous décliner le verbe « tester » autrement qu’au futur… lointain !

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E-R Cima, kaff.