../s3_ae.gif Document réalisé à partir essentiellement de textes de l’adjudant-chef Féard_Ernest présentés par Sylvie_Henquin.
Nous l'en remercions vivement. E-R Cima ©2016.
Avant-propos

Avant-propos

Sélection de 7 jours d’un journal de guerre.
De journal de guerre, le journal devient le journal de captivité d’Ernest_ Féard_.
Il comporte 486 jours. Mme Sylvie_ Henquin_ en a sélectionné 7.
Les jours décrivent l’attente, la débrouille, l’angoisse, l’espoir d’un homme père de 3 enfants.


Charte graphique pour les textes du document :
Textes de Féard_ Ernest_
Textes de Sylvie_ Henquin_

À paraitre une édition intitulée - Carnet de route de l’adjudant-chef Féard_ Ernest_, n°1806, entre l’occupation de la Ruhr_ et l’engagement dans la résistance : la captivité dans les stalags.


L'homme
Féard_ Ernest_

L'homme

Féard_ Ernest_

Féard_ Ernest_, né en 1904 à Fumay_ dans les Ardennes_ mort en 1963 à Givet_. Marié à Berthe_Boucher, Ernest_ a eu 4 enfants, 3 fils et une fille. Les 3 fils nés avant la captivité, la fille née après la captivité : Claude_, Jean_, André_ puis Marie_Claude.

Suite au décès de sa mère à l’âge de 36 ans de la grippe espagnole, son père le confia alors âgé de 14 ans à Pauline_François, sœur de sa mère qui l’a pris en charge pendant son adolescence.

Puis il s’engage dans l’armée. Au départ soldat dans le 97ème régiment d’infanterie alpine, il est intégré dans le corps expéditionnaire français, il sera basé à Witten_ de 1924 à 1925, ville d’Allemagne_, située dans la région de la Ruhr_, puis à Landau_ et à Kaiserslautern_ de 1925 à 1926 en Rhénanie_ suite à l’évacuation de la Ruhr_ en juillet 1925.

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Il rentre ensuite le 29 février 1930 au 94ème régiment d’infanterie à Bar_Le_Duc. Il est nommé 9 mois plus tard comme sergent.

Photo du 94e RI.
Féard_ est au centre, sous le petit cercle rouge.

Le 1er Mars 1932, il passe alors comme sergent-chef et est affecté au 91ème régiment d’infanterie à Mézières_ le 1er Décembre 1936. Puis il devient adjudant au 3ème bataillon en garnison à Givet_ et passe ensuite le grade d’adjudant-chef le 1er décembre 1939 pour être affecté au 348ème RI. Fait prisonnier comme toute la 52ème division d’infanterie en juin 1940, il passe au camp de Hemer_ puis à Bad_Orb où il est affecté au Stalag IXB puis Ziegenhain_ au Stalag IXA. Il est rapatrié le 21 mars 1943. Et en août 1943, il entre dans la résistance.


La guerre
19 janvier 1940

La guerre

19 janvier 1940

Dès le réveil, nous commençons à déménager. Nous allons nous installer dans un château La_Basse_Touligny, ce n’est pas très loin d’Yvernaumont_, 1500 à 2000 m. Ce qui complique le changement de cantonnement c’est la neige qui couvre le sol, une neige épaisse par endroit (0,80m). Le château appartient à un ministre, je crois, eh ma foi, nous sommes très bien installés mais bon sauf qu’il fait froid. Les hommes sont très bien, ils couchent dans des pièces pouvant contenir une section, ils ont monté des fourneaux, et ma foi, ils n’ont pas froid.

Pour nous ce n’est pas la même chose, nous mangeons en capote, et nous sommes obligés de nous coucher tout habillé et faire du feu dans la nuit. Mauvais souvenir de ce pays où nous avons littéralement gelé.


20 mars 1940

20 mars 1940

J’ai la veine d’être dans un bois ce qui me permet de sortir dans la journée. Aujourd’hui je ne sors pas beaucoup car c’est le premier jour et l’on n’est pas encore fixé sur les intentions de ceux d’en face, bien que ceux que nous avons relevé nous ont affirmé que les allemands tiraient à jour et heure fixe, (le mardi de 10 h à 11 h et le vendredi de 2 h à 3 heures) aussi nous attendons montre en main le tir car nous sommes aujourd’hui mardi. À 10 h tapant, le tir commence, ça fait un drôle d’effet de se trouver pour la première fois sous les obus. Puis on s’habitue on sort de son abri pour voir où éclatent les obus.

Ça ne dure pas longtemps 20 minutes ! Il est tombé 40 ou 50 obus. Aussitôt nos artilleurs ripostent. Voilà j’ai le baptême du feu. L’après-midi je vais faire une reconnaissance, à ma droite, j’ai l’aspirant Baraut de Givet à ma gauche la 1 ère section de chez nous. Je m’aperçois que les emplacements d’armes sont noyés. Impossible de mettre les F.M. (fusils mitrailleurs) à l’intérieur, je trouve des grenades et des cartouches dans l’eau, j’ai mes bottes, et j’entre dans l’eau pour les sortir. Quel gâchis, ceux qui étaient avant nous n’ont rien fait. Pas un fil barbelé devant nous, pas d’emplacement de tir, rien ? Je rends compte et reçois l’ordre de mettre ma position en état la nuit, on m’envoie des équipes de pionniers la nuit. Je me demande si l’ennemi avait attaqué à ce moment-là ce que nous aurions fait ?


20 mai 1940

20 mai 1940

Dès le matin, je fais continuer les abris collectifs. Et bien m’en prend car dans le courant de la matinée, nous essuyons un bombardement assez violent, de gros calibres. L’après-midi les hommes en mettent un bon coup pour terminer les emplacements et les abris. Le soir tout est prêt. Dans le courant de la soirée, je reçois un coup de téléphone m’annonçant que la 5ème armée vient s’installer à notre droite, que je vais avoir une section de chasseurs à ma disposition pour former un P.A.(poste avancé) mixte. En effet vers minuit un remue-ménage formidable, ce sont les chasseurs qui arrivent.


Captivité
6 août 1940

Captivité

6 août 1940

Ca y est, il est 3 heures, réveil. On embarque à la gare à 6h, avant de partir nous touchons un jour de vivre. On nous ramasse nos gamelles, moi j’ai réussi à camoufler la mienne. A 5h ½ nous sommes à la gare pour embarquer, nous sommes environ 500 pris en route. Nous voyageons toute la journée et les bobards de courir. C’est la libération, c’est sûr, Yanny_ lui est emballé moi je suis assez sceptique, ça fait déjà tant de fois que l’on nous roule.

Et une fois de plus c’est moi qui ai raison. Car nous arrivons à Bad_Orb à 21h30, là changement de décor. Nous sommes reçus non pas comme de vulgaires prisonniers mais comme des bretons. C’est la première fois que je vois des officiers aussi raisonnables, il y a même des camions pour les malades ou blessés. L’on nous prévient que le camp est à environ 5 kms de la gare, nous nous disons il y a bien 20 car chaque fois il faut quadrupler. Et en route, mais c’était bien court, car nous arrivons au camp après une bonne heure de marche contrairement aux autres camps, on nous dit en cours de route, n’allez pas trop vite, pas si vite en tête, ne vous fatiguez pas, vous avez le temps. Puis oh surprise en arrivant il y a un café bien chaud qui nous attend. On nous met à coucher dans une grande salle où il fait bon. Nous n’en croyons pas nos oreilles.

Près de 60.000 prisonniers bretons furent regroupés dans les camps de Luckenwalde_, Bad_Orb ou Wegscheide_, Neubrandenburg_, Sagan_ et Hoyerswerda_ où ils furent informés qu'un statut préférentiel pourrait sans doute être accordé aux autonomistes.

Ce qui a pu contribuer au fait qu’Ernest_ Féard_ soit assimilé à un breton est non seulement le fait que sa famille soit sur Nantes_ mais également aux hauts faits de Paul_ Féart_, il existe un Boulevard, une place, une fontaine Féart_ en Bretagne_. Paul_ est né à Sedan_ dans les Ardennes_ le 31 janvier 1817, il fut préfet du Gers_ de 1852 à 1858, préfet d’Ille_et_Vilaine sous le second empire de 1858 à 1864, préfet du Lot_et_Garonne de 1864 à 1867. Rennes_, 20 Aout 1858, première manifestation officielle organisée par Paul_ Féart_ pour Napoléon_ III par qui il fut nommé préfet, d'une Bretagne_ composée de son ancienne assise avec ses cinq départements : Finistère_, Côtes_d’Armor_, Morbihan_, Ille_et_Vilaine, Loire_ Atlantique.


11 septembre 1940

11 septembre 1940

Aujourd’hui nous avons reçu "le_trait_ d’union_" et j’ai par hasard lu l’annonce des prisonniers. Je trouve Boucher_Georges cherche son frère Ernest_. Aussitôt je lui écris une carte. Je n’ai jamais eu de réponse. Ce n’était sans doute pas lui. x

Ce journal "le_trait d’union_" est distribué dans les camps, le premier numéro date du 23 juin 1940 et s’éteint en mars 1945. Journal à Tendance nettement pro-allemande, la rubrique la plus lue était la rubrique de recherches de prisonniers dans les stalags mais aussi les oflags.


14 février 1941

14 février 1941

Très belle année aujourd’hui, le printemps approche heureusement. Levé à 8 h, j’ai cassé la croute comme toujours avec des biscuits trempés dans le café, puis je suis descendu à la kommandantur. Le commandant est malade et n’est pas venu de la journée. Nous avons reçus de nouveaux jeux de toutes sortes. Le soir je suis allé voir la répétition de musique. Ça marchait très bien quand tout à coup on entend un coup de feu, c’est une sentinelle qui a tiré sur un prisonnier qui, trompé par l’heure, est arrivé pour rentrer dans la baraque alors que celle-ci était fermée, il a voulu rentrer par la fenêtre. La sentinelle du mirador l’a aperçu, il a tiré dessus naturellement, elle était dans son droit mais il eut été plus humain de tirer en l’air au lieu de tuer un homme pour une bagatelle pareille. J’ai de suite transporté l’homme à l’infirmerie, aidé de quelques camarades. Les docteurs lui ont fait immédiatement un pansement. La blessure aurait pu être beaucoup plus grave. Néanmoins la balle l’a troué de part en part, entrant par l’épaule gauche et sortant par l’épaule droite. Le camp est en effervescence et c’est très mauvais pour la collaboration. Le fait qu’une sentinelle a tiré sur un homme sans défense alors qu’il ne tentait aucunement de s’évader a été très déprécié par tous ? Il est presque 10h je vais aller au lit. Bonsoir mes chéris.


29 juin 1941

29 juin 1941

Reçu un colis de 5 kilos de ma Bien-Aimée le lundi 23 puis une carte de Claude_. Je réponds par une carte à Claude_. Carte à Justina_ le 24. Reçu colis de Justina_ le 25. Cette semaine, je n’ai rien reçu d’autre que la carte de Claude_. Hier nous avons eu la visite d’un membre de la mission Scapini_ qui est venu nous rendre visite. Il n’introduit pas de libération pour l’instant. Aujourd’hui nous avons eu un rassemblement comme on était 200 ici à Ziegenhain_ avec tous les bagages sur le terrain des sports, la visite, une vraie comédie. J’écris une lettre à ma Bien-aimée. J’ai le cafard. Il fait mauvais, de la pluie depuis le matin. Gros bisous à tous. Ecrit carte à Tante Pauline_.

La mission Scapini_ est chargée de s’occuper des prisonniers de guerre français en Allemagne_, mise en place par le Maréchal Pétain_, le 31 juillet 1940. Georges_Scapini sous les ordres du Général d’armée Besson_, est nommé le 24 septembre par décret ambassadeur des prisonniers de guerre. Toute visite d’un stalag ou d’un Kommando par la mission Scapini_ doit se faire en la présence d’un officier allemand.


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