La « Position de Résistance » est une bande de terrain, parallèle à la frontière et d'une profondeur avoisinant le kilomètre, où se succèdent des ouvrages fortifiés plus ou moins importants assurant une continuité de feu.
Troupes d'intervalle. Réserves locales.
Entre les ouvrages (gros, petits, casemates...) il est indispensable que des hommes assurent une surveillance active de tous les instants. Ces hommes constituent les troupes d'intervalle.
Certaines « sections » de ces troupes ont une mission spécifique : s'opposer le plus rapidement possible à toute éventuelle percée ennemie ; ce sont les « réserves locales ».
Abri d'intervalle (appelé aussi abri pour réserve locale)
Pour assurer pleinement leur mission, les réserves locales doivent vivre au plus près de leur zone d'intervention, tout en étant protégées des éventuels tirs ennemis. Cette protection est assurée par des abris construits sur la Position de Résistance (Abris d'intervalle, ou abris pour réserve locale, tel celui du Bichel_Sud), souvent légèrement en retrait par rapport aux ouvrages et casemates mais là où les tirs d'artillerie ennemie risquent d'être importants.
Abri de surface
Abri « caverne », abri « de surface »
Il existe essentiellement deux types d'abris CORF : ceux qualifiés « d'abris caverne » dont le casernement est construit entre 10 et 20 mètres au dessous du sol ; et ceux qualifiés « d'abris de surface », tel le Bichel_Sud, construit à même le sol.
Schéma des deux types principaux d'abris définis par la CORF.
Les abris de surface sont cependant quasiment enterrés par merlonnage afin d'être protégés contre les tirs provenant de la frontière. C'est ainsi que trois de leurs faces latérales sont donc totalement merlonnées.
leur quatrième face, à l'opposé de la frontière, donne sur une esplanade et sert de zone de communications entre leur intérieur et leur extérieur.
Présentation du Bichel_Sud
Présentation du Bichel_Sud
Localisation
Abri Bichel Sud
Localisation géographique de l'abri. Longitude : 6.312° ; Latitude : 49.371°.
Présentation succincte
Abri de surface, pour réserve locale
Protection_type_2
C'est un quasi-parallélépipède rectangle intérieurement de 20m x 12m.
Il est à deux niveaux
Effectif de son équipage : 48 hommes (une section plus le personnel technique de l'abri)
En 1940 il est occupé par une section du 167e_RIF SF Thionville
Dénomination officielle de l'abri : X19.
Le document ci-dessous détaille quelques éléments des extérieurs de l'abri du Bichel_Sud
Protections passives
Dalle en béton armé
Protections passives du Bichel_Sud
Dalle protectrice en béton armé
Côté_frontière;5;-40;5;_;_;NONNON
Esplanade;5;40;0;_;_;NONNON
Dalle;10;0;4;_;Clic : Dalle en béton armé;Dalle
Dalle de l'abri
Une dalle en béton armé, de 2m d'épaisseur (protection de type 2), protège l'abri contre les bombardements.
Les « cloches » GFM (observation et protection rapprochée par FM) sont les seuls éléments saillants de cette dalle.
Camouflage de la dalle
La protection, par dalle, nécessite un camouflage de cette dernière face aux observations aériennes. C'est la raison d'être de la fine couche de terre et de verdure qui la recouvre.
Olivier Terver est en train de peindre l'une des cloches GFM.
Cette mise en peinture nous permet de constater que la couche de terre de camouflage (dégagée ici pour peindre) ne fait pas plus de 20cm d'épaisseur. Pourquoi si peu d'épaisseur ?
Explication : des expériences et observations effectuées, entre autres pendant la Grande-Guerre, ont montré qu'au cours des bombardements, une couche de terre renforçait l'effet destructeur des bombes qui la pénétraient. Une fine couche de terre est donc un compromis évitant de renforcer l'effet des bombes sur la dalle tout en la soustrayant aux vues aériennes.
Deux passerelles (étroites) permettent de franchir le fossé et d'accéder aux deux portes blindées.
Les passerelles sont escamotables afin de pouvoir isoler complètement les portes en cas d'attaque.
Nicolas Hentzen en plein travail de peinture
Réseau de barbelés
Réseau de barbelés
Un réseau dense de fils de fer barbelés entoure l'abri.
Filet de camouflage
Filet de camouflage
1939. Repas de l'équipage sur l'esplanade de l'abri (photo A_Dromard via Dominique_Kemmel).
Le filet de camouflage n'est malheureusement pas bien identifiable sur cette photo (Fils enchevêtrés allant du haut de la dalle jusqu'au rebord extérieur du fossé).
Remarque : en dehors des périodes de conflit, la vie diurne de l'équipage (cuisine, repas...) se passe essentiellement près de barraques en bois installées sur l'esplanade.
Protections actives
Cloches GFM
Protections actives du Bichel_Sud
Cloche GFM (Guet et FM)
Les cloches GFM type A, installées sur les superstructures de la plupart des blocs d'ouvrages de la ligne Maginot, ont deux rôles essentiels :
Observations avec épiscopes, jumelles et périscope,
Tirs avec FM et mortier de 50mm.
À part le périscope, au sommet de la cloche, tous les autres équipements sont interchangeables dans 5 créneaux périphériques permettant l'observations et le tir sur 360°.
GFM_nord;25;-17;4;_;Clic : GFM nord;Cloche
GFM_sud;-27;-17;4;_;Clic : GFM sud;Cloche
Ici la GFM est équipée d'un épiscope (à droite) et d'un FM (à gauche).
Scène de reconstitution
En 1940, certains hommes de service dans les GFM enlevaient les épiscopes, entre autres à cause de la buée qui réduisait leur champ d'observation. Cette scène de reconstitution illustre les éventuels dangers d'une telle pratique.
Créneaux pour FM
Créneaux pour FM
La symétrie axiale de la façade de l'abri est quasi-parfaite. Il en va de même pour sa défense rapprochée avec 3 FM sous béton.
L'un d'eux est au centre de la façade et couvre l'esplanade.
Les créneaux des FM de caponnières sont protégés des tirs indirects par une visière, extension de la dalle de l'abri.
Visière;-17;20;2;_11_12_13_14_15_0_1_2_3_4_5_;Clic : Visière de la caponnière sud;Fm
FM de fond de fossé
Le fond du fossé est, lui aussi, défendu par 2 FM dont l'utilité reste à être d'autant plus démontrée qu'un système de goulotte à grenades permet, depuis l'intérieur de l'abri, de lancer des grenades dans le fossé.
FM de porte
Si les circonstances l'exigent, un FM peut être installé sur chaque porte d'entrée.
Tirs d'épouillage
Défense par tirs d'épouillage
Les fortifications CORF se protègent mutuellement, chacune pouvant tirer sur ses voisines. La résistance de leurs structures est prévue à cet effet.
C'est une solution efficace lorsque l'ennemi réussit à prendre pied sur les dessus d'un bloc (par parachutage par exemple). Les fortifications voisines exécutent alors des « tirs d'épouillage » sur la fortification menacée.
Le Bichel_Sud, quant à lui, est ainsi très bien protégé par les tirs d'épouillage effectués par les gros ouvrages du Kobenbusch, du Metrich, du Billig et du Hackenberg.
À propos de tirs d'artillerie sur le Bichel_Sud, savez-vous que l'abri a été bombardé en... 1934 ?
Tirs d'essais
Tirs réels d'artillerie de 1934
Dès l'année 1933, certains ouvrages de la ligne Maginot ont reçu une grande partie de leurs équipements et ces derniers sont, bien évidemment, testés en situation.
Il en va donc ainsi tout particulièrement des groupes électrogènes, de la ventilation, des ascenseurs... et de l'armement.
Archives du Génie à Vincennes
Dans ce document on y apprend, par le Colonel Grenet directeur des travaux de fortification de Metz-Est, que des « tirs réels peuvent être envisagés à partir du Bloc VIII du Hackenberg [casemate de 3.75/29], si l'on admet que la zone dangereuse peut contenir des ouvrages fortifiés occupés par des postes de garde ». Et de citer, dans son énumération des ouvrages en question, entre autres le Bichel_Sud.
Puis le colonel rappelle quelques contraintes civiles de sécurité pour terminer par « Toutes ces conditions réunies font que les tirs ne seront possibles que dans les régions indiquées approximativement par des hachures bleues sur le plan ci-joint. » Plan ci-dessous.
Plan de tirs d'essais à munitions réelles.
Le Bichel_Sud, repéré par un carré rouge, est dans des zones désignées pour recevoir des obus de 75mm.
Et c'est ainsi que, les 14 et 15 décembre 1934, le Hackenberg effectue des essais de tirs à outrance, avec des munitions réelles, en présence du Général de Brigade Menjaud, du Lt-Colonel Colin (inspecteur des travaux de fortification), des Lt-Colonels Soude et Bachelard (de la Section Technique du Génie), du Lt-Colonel Bazaugour (de la CORF) et de l'ingénieur en chef Garetta.
Ces essais n'ont pas pour objet de tester la faisabilité des tirs d'épouillage sur le Bichel_Sud ; ils testent la capacité des obusiers de 75/29 à effectuer des tirs à outrance, à cadence soutenue, et de voir si, dans ces conditions, l'évacuation des fumées et gaz toxiques des chambres de tir est normale.
Le 14 décembre, 400 coups sont tirés par rafales de 50, à raison de 15 coups par minute, et le 15 décembre, 500 coups sont tirés dans les mêmes conditions que la veille, confirmant les résultats satisfaisants déjà obtenus au cours du premier test.
Le baptême du feu du Bichel_Sud semble donc avoir eu lieu bien avant le début de la guerre !
Équipement intérieur
Équipement intérieur
Équipement intérieur du Bichel_Sud
Équipement intérieur
L'abri dispose, intérieurement, de tout ce qui peut rendre son équipage autonome en cas d'encerclement prolongé :
« usine » avec groupes électrogènes,
Échappement_groupes;23;21;2;_6_5_4_3_2_1_0_15_14_13_12_11_10_;Clic : Échappement des groupes électrogènes de l'usine;Services
Ventilation anti-gaz de combat,
Ventilation;3;21;2;_6_5_4_3_2_1_0_15_14_13_12_11_10_;Clic : Prise d'air pour la ventilation;Services
Couchages avec chauffage central,
Latrines,
Cuisine,
Cheminée_cuisine;-23;19;7;"_";Clic : Cheminée de la cuisine;Services
Réserves à vivres et à eau,
Infirmerie
Etc.
On peut considérer l'abri comme étant un « gros » ouvrage en modèle réduit ou une petite caserne protégée contre les bombardements.
En 2007, avec Olivier Terver, Nicolas Hentzen, Eric Becker et Nathalie, Vivien et Dominique Wiatr.
Repas pris sur l'esplanade pendant que, dans l'abri, fonctionnent la cuisinière et un groupe électrogène (fumées à droite et à gauche de l'abri).
Dossier sur l'équipement intérieur de l'abri
Un dossier avec image 2,5D du rez-de-chaussée de l'abri est sur notre site !
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Pour en savoir plus...
Etc.
Pour en savoir plus...
Suggestions
Plaquette recommandée
Couverture de la publication d'Antoine SCHOEN sur les abris de la ligne Maginot.
Plaquette de 60 pages très instructives et que l'auteur (Antoine SCHOEN) ne vend qu’en direct (8€ plus frais de port). Aussi je propose aux intéressés de contacter « Les Gardiens du Rhin » (éditeur) à l'adresse :
contact.lesgardiensdurhin@gmail.com