Introduction. Rappels.

Faisant suite au dossier sur les extérieurs de cet abri, après quelques rappels rapides sur ses caractéristiques, nous détaillerons les élements importants de son rez-de-chaussée.

Façade du rez-de-chaussée du Bichel-Sud et son esplanade, un jour de réception.

Rappels sur l'abri du Bichel-Sud.

Abri Bichel Sud.

Localisation géographique de l'abri.
Il est situé à 3,5km Sud-Est de la commune de Koenigsmacker (57970) et à 1,5km Sud-Ouest de la commune de Oudrenne (57970).
Longitude : 6,312° Est ; Latitude : 49,371° Nord.

• Abri de surface.
• Casernement bétonné, avec armement défensif léger, pour réserve locale.
• Protection de type 2.
• Quasi-parallélépipède rectangle intérieurement de 20m x 12m.
• Deux niveaux au-dessous de sa dalle de béton armé.
• Effectif de son équipage : 48 hommes (une section plus le personnel attaché à l'abri).


• En 1940 il est occupé par une section du 167e RIF (SF Thionville).
• Dénomination officielle de cet abri : X19.

Ceci étant rappelé...

...ce dossier va détailler quelques éléments du rez-de-chaussée de l'abri en s'appuyant sur une maquette.

Afin de rendre cette maquette plus simple à visionner, nous avons :

• effacé la dalle de l'abri,
• abaissé ses murs et supprimé ses portes,
• représenté l'ensemble des circuits de ventilation, à l'exception des circuits d'évacuation des gaz toxiques provenant des armes en cours de tirs,
• effacé l'ensemble des réseaux et circuits tels que : électricité, eau, gaines de chauffage central,
• limité le nombre de légendes relatives à la partie extérieure de l'abri, ces dernières étant dans le dossier sur les extérieurs du Bichel-Sud.

Les abris étant essentiellement des casernements, nous commencerons la description de celui-ci par sa partie... casernement !

Remarques :
►dans le texte ci-après, pensez à pointer les mots surlignés en rouge.
►sur la maquette, vous disposez de puces pour rotation, zoom, effacement des légendes...

Entrées.

Deux entrées.

Une entrée Nord (Entrée_N) et une entrée Sud (Entrée_S), chacune avec chicane.

Rôles des chicanes en cas de destruction des portes blindées.

Les chicanes permettent, aux membres de l'équipage, de ne pas être des éventuelles cibles directes depuis l'esplanade et facilitent leur défense de l'abri en cas de pénétration d'ennemis.

De plus, en cas d'attaques par explosifs, les ondes de choc et les effets de souffle produits, parfois létaux, sont très atténués par de simples chicanes.

Les chambres.

Pour dormir, les occupants de l'abri ont de la chance...

...en effet, chacun dispose d'un lit qu'il n'est pas contraint de partager avec d'autres, contrairement aux membres d'équipage des gros ouvrages dans lesquels, faute de place, un même lit est occupé par deux, voire trois hommes, à la suite les uns des autres, bien entendu, en fonction de leurs tours de service !

Ici, au rez-de-chaussée, nous avons 32 couchages ainsi répartis :

• une chambre pour 16 hommes de troupe (2 rangées superposées de 8 couchages chacune) (Chambre).

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• une chambre pour 8 hommes de troupe (2 rangées superposées de 4 couchages chacune) (Chambre).

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• une petite chambre pour 4 sergents (2 rangées superposées de 2 lits chacune) (Chambre).

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• une chambre, dans le Poste de Commandement (PC), pour le commandant et 3 adjoints (2 rangées superposées de 2 couchages chacune).

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Si l'on ajoute les 16 lits du sous-sol, avec ses 48 lits l'abri peut donc coucher les 40 hommes de la section pour laquelle il a été prévu, ainsi que le commandant et le personnel technique de l'abri.

Au-dessus de la tête de chaque lit, une étagère tient lieu de « zone de rangement » personnel.

En 1940, les têtes des lits successifs étaient isolées les unes des autres par de petits séparateurs métalliques garantissant une certaine intimité aux dormeurs. Lorsque cette photo a été prise, les séparateurs avaient été enlevés...

...ils sont représentés sur la maquette et présents sur cette photo de l'abri X6 du Zeiterkolz (SF de Thionville).

On mange dans les chambres.

Dans l'abri, il n'y a ni ordinaire ni mess. On mange dans les chambres, sur des tablettes rabattables situées face aux rangées de lits.

Scènes de reconstitution d'ambiance.

On remarquera que les armes individuelles sont dans les chambres, face aux lits, sur des râteliers.

Remarque : les armes et petits matériels ne sont mis dans l'abri que lors de certaines visites programmées.

Plafond des chambres et effet mécanique Hopkinson.

Dans cette chambre, que des bénévoles sont en train de restaurer dans ses moindres détails, on peut constater que le plafond est constitué de plaques voûtées de blindage. Ce ne sera pas le cas au sous-sol (ni voûtes, ni blindage). Pourquoi ?

Il s'agit d'un système de protection contre l'effet mécanique Hopkinson.

Rappel succinct sur cet effet mécanique :

Lors du choc d'un projectile sur une surface de béton (ou d'acier), il se produit une onde qui traverse la surface en question et qui, à l'opposé du point d'impact, fragmente le béton (ou l'acier) en un ou plusieurs ménisques qui se transforment en projectiles extrêmement dangereux.
Une couche de blindage de quelques centimètres d'épaisseur retient ces projectiles.

Sur notre site, des dossiers et un petit test sont consacrés à l'effet mécanique Hopkinson.

Les lavabos.

Pour la toilette de l'équipage, les lavabos (Lavabos) sont dans la salle située à l'extrème Sud de l'abri.

Malheureusement... ils ne sont alimentés qu'en eau froide. Ceci étant, l'eau froide a l'avantage de réveiller rapidement ceux qui viennent de sortir de leur lit juste avant de prendre leur service !

Au-dessus des robinets, il y a la « réserve journalière » d'eau. Cette dernière est remplie avec l'eau de la réserve générale située au sous-sol. Ce système en cascade permet de contrôler la quantité d'eau utilisée.

Le fond de la salle sert de réserve à paquetages et permet, aussi, de faire sécher le linge de corps.

L'infirmerie.

Dans l'abri, il y a une infirmerie (Infirmerie), mais dans cette dernière, le médecin ne traite que les cas bénins ou urgents. Les autres cas sont dirigés vers l'arrière.

Bureau du médecin, vu depuis la porte d'entrée de l'infirmerie.

Ce lieu pouvant être contaminé par des agents pathogènes, le système de ventilation peut en extraire l'air en continu par la gaine située en haut de la photo (gaine jaune sur la maquette). Et, pour que le renouvellement de l'air soit efficace, l'arrivée d'air pur se fait par une gaine située dans la partie basse de l'infirmerie, en bas à droite de la photo (gaine rouge sur la maquette).

Lit pour un éventuel patient et armoire à pharmacie.
La gaine, en haut de la photo, est celle d'extraction de l'air vicié.

Téléphone mural fixe relié au poste de commandement de l'abri.

Le boitier que l'on peut voir au-dessous du téléphone, contient un accumulateur alimentant le téléphone en courant électrique.

Le poste de commandement.

Le poste de commandement (PC) est situé à l'extrémité Nord de l'abri.
Il est aménagé comme suit :

• un bureau avec téléphone, bien sûr, et un ratelier pour armes,
• quatre couchages, pour l'équipe de commandement,
• un lavabo.

Voici le bureau du commandant.

Gros plan sur le bureau.

Les quatre couchages du PC.

Scènes de reconstitution au PC

Le central téléphonique.

Pour des raisons de réactivité des personnels de commandement de l'abri, le central téléphonique (CT) est situé juste à côté du PC.

Ce central relie entre eux les différents téléphones de l'abri. Il relie aussi l'abri à l'ouvrage voisin d'artillerie du Metrich.

Sur cette photo, le boitier étanche du central téléphonique est ouvert afin de montrer ses différents connecteurs.

Scène de reconstitution. Olivier Terver est au téléphone.

Ventilation, chauffage.

Purification et distribution de l'air.

Lutte contre :

• l'humidité,
• la pollution de l'air liée entre autres à la respiration de l'équipage en milieu confiné, au fonctionnement des groupes électrogènes, de la cuisine...
• les éventuels gaz de combat,

L'abri est donc équipé d'un système de ventilation avec gaines, filtres et ventilateurs, ces derniers activant la circulation de l'air.

L'air est pris à l'extérieur de l'abri, au travers d'une grille (Grille) ici en façade, juste sous la dalle, un peu au-dessus du créneau central de FM.

Puis, dans l'abri, l'air est conduit à une salle de neutralisation (SN) par une gaine repérable à sa couleur normalisée verte (ici, couleur de ses colliers).

Cette salle de neutralisation est équipée de gros filtres absorbant les gaz de combat connus en 1940.

L'air, potentiellement gazé, entre dans les filtres par leur partie supérieure et en ressort par leur partie inférieure. Alors pur, il est conduit dans les différents locaux de l'abri dans des gaines dont la couleur est normalisée rouge.

Chauffage de l'air.

Comme la température moyenne naturelle de l'abri avoisine les 12°C, les locaux ont besoin d'être chauffés.
À cet effet, une chaudière située au sous-sol réchauffe entre autres le circuit d'air par un échangeur thermique installé dans la salle de neutralisation, juste après la prise d'air extérieure.

Extraction l'air vicié.

Comme certains locaux (Cuisine, infirmerie...) produisent des gaz délétères ou pollués on a besoin d'un circuit d'extraction de cet air.

La couleur des gaines d'extraction de l'air vicié est normalisée jaune.

Sur cette photo du haut de l'escalier (Escalier) situé entre le rez-de-chausse et le sous-sol de l'abri, outre un palan, on voit très bien la gaine d'extraction de l'air vicié provenant de l'infirmerie et à destination de l'extérieur de l'abri.

Maintenant qu'au sujet du casernement nous avons vu les différentes parties situées à cet étage, nous allons passer à la « défense active » de l'abri, défense essentiellement assurée à partir de ce rez-de-chaussée.

Les cloches GFM.

Les cloches GFM (Guet et FM), mises en place sur les superstructures de la plupart des blocs d'ouvrages de la ligne Maginot, ont deux rôles essentiels :

• Observation avec épiscopes, jumelles et périscope,
• Tirs avec FM et mortier de 50mm.

Voici les deux GFM dépassant de la dalle de cet abri et dont l'intérieur n'est accessibles qu'à partir du rez-de-chaussée que nous sommes en train de visiter : GFM Nord (GFM_Nord) au premier plan et GFM Sud (GFM_Sud) au loin.

Accès à la GFM Nord.

Vue intérieure du pied de la GFM Nord, par où le servant peut accéder à son poste d'observation et de tir.

En cours de tir, un boitier étanche recueille les douilles de FM qui descendent par le tuyau axial. Un ventilateur manuel permet alors d'évacuer leurs gaz toxiques par une gaine (à la droite de la photo) conduisant à l'extérieur de l'abri.

La longue gaine d'évacuation des gaz toxiques produits par les tirs de la GFM, traverse l'abri dans toute sa largeur et passe, entre autres, dans le PC (Photo).
Remarque : par esprit de clarté du dessin, cette gaine n'a pas été représentée sur la maquette.

Vue depuis le bas de la GFM Nord.

Depuis le bas de la GFM, vue de son plancher mobile ; mobile afin que son servant puisse se positionner correctement face aux différents créneaux d'observation et de tir.
Le servant accède à ce plancher par une échelle (à la droite de la photo) puis après avoir soulevé une trappe.

Le tuyau central est celui permettant la descente des douilles, lors des tirs.

Haut de la GFM Nord.

3 des 5 créneaux de cloche sont visibles sur cette photo. Deux sont équipés d'un épiscope et celui de droite a un FM en batterie. Il ne manque plus, à ce FM, que sa gaine d'évacuation des douilles pour que l'ensemble soit complet.

Au somment de la cloche, près de la crosse du FM sur cette photo, un périscope F1 permet d'observer les environs de l'abri, sur 360°.

Remarque : la GFM Sud est identique à celle Nord.

Cinq créneaux sous béton pour FM et une goulotte à grenades.

Créneau central et goulotte à grenades.

Dans la salle neutralisation (SN), l'un des filtres a été enlevé afin de laisser voir le créneau pour FM (FM) qui protège l'esplanade de l'abri...
...et la goulotte à grenade (à gauche sur la photo) permettant de lâcher des grenades dans le fossé diamant de l'abri.

Deux caponnières armées de FM.

Les FM de la caponnière Nord (Caponnière_N), comme ceux de la Sud (Caponnière_S), croisent leurs feux par des tirs rasant la façade de l'abri.
Chacune est armée de 2 FM sous béton :

• un FM au niveau des entrées et de l'esplanade,
• un autre FM au bas du fossé et dont l'utilité reste à être démontrée en raison de la présence de la goulotte à grenades.

Remarques : sur notre maquette de l'abri, à l'intérieur de la caponnière Nord (Caponnière_N), outre le FM, on remarque la présence de deux gaines. Il s'agit des tuyaux d'échappement des groupes électrogènes situés au sous-sol de l'abri.

Et à l'intérieur de la caponnière Sud, outre le FM, on remarque la présence d'une cheminée (Cheminée). Il s'agit de la cheminée de la cuisinière et de la chaudière de chauffage central situées elles aussi au sous-sol de l'abri.

Et puisqu'on parle de sous-sol, nous allons l'évoquer pour clore ce dossier.

Escalier conduisant au sous-sol de l'abri.

Un palan permet le déplacement des matériels lourds entre le rez-de-chaussée et le sous-sol.

Ici un filtre est en train d'être déplacé entre sa zone de réserve (bas de l'escalier) et la « salle de neutralisation » (rez-de-chaussée).

Équipement du sous-sol

L'abri dispose, intérieurement, de tout ce qui peut rendre son équipage autonome en cas d'encerclement prolongé. Donc, outre ce que nous venons de voir, il est équipé, dans son sous-sol :

• d'une « usine » de production d'électricité avec groupes électrogènes et atelier,
• d'une chaudière pour chauffage central,
• de latrines,
• d'une cuisine,
• de réserves à vivres et à eau,
• Etc.

Dossier sur le sous-sol

Dossier... à venir !

Etc.

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Couverture de la publication de l'auteur SCHOEN Antoine, sur les abris de la ligne Maginot.

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