../s3_ae.gif Histoires grivoises, par Raymond_Cima (E_R_Cima ©1965-2021).

Le Génie
Cette première histoire, gentillette, est l'élément pilote des « histoires grivoises »

Le génie

Le génie

D'un gigantesque pic, qui émergeait de l'onde,
Un jour de nombreux gens se penchaient sur le monde.
Un groupe de touristes venus en ces lieux,
Admirait à grand bruit et la terre et les cieux.

C'est merveilleux disait, l'un d'eux à sa compagne,
À côté de ce lac, à l'orée du grand bois,
Ne vois-tu pas ces près, ces jardins et ces toits ?
Et là-haut dans le ciel, regarde ce nuage
Et ces oiseaux bruillants, écoute leur ramage !
Ah ! mon dieu qu'il est doux de voir sans se lasser
D'ici tant de joyaux pour nous seuls amassés !

Du haut du ciel soudain une nuée les gagne,
Arrive à leur hauteur puis, quelque peu s'éloigne ;
Alors qu'il leur prend peur une voix leur murmure :
Amis ne tremblez pas, je suis-je vous l'assure
Un être des plus doux et qui vous veut du bien !
De moi n'ayez pas peur car vous ne craignez rien.

Les touristes surpris, ayant levé les yeux,
Virent un homme âgé voler au-dessus d'eux.
Celui-là dit alors aux gens tous réunis :
Je suis, pour vous servir, le dernier des génies !
Je fus jadis puni par tous mes congénères
Et j'attends en ce lieu depuis des millénaires
Afin de racheter un acte dont l'histoire
Est, vous allez le voir, bien difficile à croire !

« L'univers est empli d'atomes invisibles,
Appelés, par les gens, parties indivisibles.
Au temps où rien n'était, ceux-là tous identiques
Flottaient dans le néant, sans leurs pouvoirs chimiques.
Ayant touché l'un d'eux, un jour pour me distraire,
Avec horreur je vis s'élaborer la Terre.
Un chaos d'énergie s'étendit sur le champ
À l'univers entier qui engendra le Temps.
Puis je vis condenser, en maints endroits des cieux,
Cet étrange chaos qui brillait à mes yeux.
Tout s'était transformé ; au-dessus de ma tête
Évoluaient ensemble étoiles et planètes.
Un spectacle nouveau, à moi seul imputable
Offrait mille joyaux tous des plus admirables
».

À l'écart de la foule, au comble du bonheur,
Un couple d'amoureux se répétait en chœur :
« Un spectacle nouveau, à nous seuls imputable
Offrait mille joyaux tous de plus admirables ! »
Et le jeune ajoutant le geste à la parole
Attira doucement la fille à son épaule.
Une main se perdit au profond du corsage
Et l'autre, la suivant, eut l'esprit bien moins sage.
Elle allait lentement, avançant avec art,
Lorsqu'elle fut stoppée par la voix du vieillard. (+/-)« On reste sur sa faim,
au sujet de la main.
On ne saura jamais
ce qu'elle avait tramé ! »


« Un tel acte attirant les foudres des génies
Fit que de leur conseil je fus ce jour banni !
Éloigné de leurs yeux, je purge ici ma peine,
Attendant que l'amour me délie de ma chaîne.
Amour non pas de chair mais de lieux merveilleux,
Et cet amour béni je l'ai lu dans vos yeux !
Venez ici sauveurs de mon humble personne
Et prenez en retour ce présent que je donne :
Un voyage au travers de l'espace et du temps !
Venez auprès de moi... mais bien sûr en volant !


Puis, faisant un grand geste de grâce infinie,
Il étendit les bras et des mains du génie
Tomba en poudre d'or une pluie de rosée
Qui fut en un instant, sur chacun d'eux, posée.
Alors d'un même élan, dansant en ronde folle,
En chœur de s'écrier : regardez-moi, je vole !

Après quelques instants, que l'on peut concevoir,
Où chacun enivré usa de son pouvoir,
Dans les cieux le vieillard, de son air le plus digne,
Essaya, mais en vain, de les calmer d'un signe.
« Attention, leur dit-il, ne vous éloignez pas,
Si vous vous égariez vous iriez au trépas !
Restez donc bien groupés car sous ma surveillance
Aucun ennui ne peut vous causer de souffrance
Et vous gâcher ainsi, ce qui serait dommage,
Une seule journée d'un aussi beau voyage !
»

Ils étaient avertis mais ces gens imprudents
Ne croiraient le génie qu'après un accident.
La nature ainsi veut, et l'on ne sait pourquoi,
Que l'homme en sa jeunesse, apprenant tout des lois,
En use dans la vie de si drôle façon
Qu'il n'en fait qu'à sa tête et retient pour leçon
Des malheurs soit disant dus à l'inexpérience
Et résultant parfois de non-obéissance !

Ainsi donc tous ces gens, exerçant leur pouvoir,
Dans chaque position ayant voulu se voir,
Ne gaspillèrent pas un temps si précieux
Pour écouter le prêche du vieux dans les cieux.
Surtout que dans le groupe un strip-tease gratuit
Surclassait les spectacles de Paris la nuit.
Des « jupons », en effet, sans mauvaise intention,
Ayant voulu se mettre dans la position
De celui que l'on vient de pendre par les pieds,
Firent grande émotion, je ne puis le nier.
Ce fut un festival de cuisses toutes nues,
Si bien qu'un vieux monsieur, en voyant la tenue
Très sobre en vérité, de l'une de ces belles,
Envoya sur le champ sa main vers la donzelle :
Une grosse « mémère », usée, dont la marotte
Était de bien souvent oublier sa culotte.
Une gifle et un cri, partis de l'outragée,
Renvoyèrent chez eux les doigts de l'homme âgé.

Enfin c'est le départ vers un monde inconnu
Qui les fit s'élever bien plus haut que les nues.
Ils revirent ainsi, en remontant les ères,
À leurs pieds défiler des peuples millénaires.
Puis ce fut l'arrivée au tout début du monde,
Alors se retournant, le génie, à la ronde,
Aperçut de son groupe un seul représentant ;
Tous les autres, semés, s'ébattaient dans les temps.
Le génie s'interroge aussitôt sur leur sort,
Les cherche éperdument et les voit déjà morts.
De les savoir en vie, il veut encore y croire,
Et méthodiquement parcourt toute l'Histoire. (+/-)« Bon ça y est c'est fini,
l'histoire est sur ses rails.
Place aux cocus, punis...
sujets de ce travail ! »
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E-R Cima, kaff.