../s3_ae.gif Année 2022. Billets d'humeur syndicale
Billets d'humeur écrits CHAQUE SEMAINE en 2022 avec pour thème : l'enseignement (Evelyne_Cima ©2022).

Les « billets d'humeur » 2022 d'Evelyne.

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Notre ministre, Pap NDIAYE, pense-t-il s’inspirer de Saint Matthieu ?

3 juillet 2022
Notre ministre, Pap NDIAYE, pense-t-il s’inspirer de Saint Matthieu ?

Au cours d’entretiens accordés à plusieurs médias, notre nouveau ministre de l’Éducation nationale a annoncé qu’il allait créer un choc d’attractivité du métier d’enseignant, métier qui pour plusieurs raisons n’attire plus grand monde depuis pas mal d’années ! À cet effet, le ministre allait donc consacrer un effort particulier et significatif à la hausse des rémunérations de ces enseignants.

Au Parisien, le 25 juin dernier, il chiffrait même cette hausse « non conditionnée qui s'appliquera à tous les enseignants, y compris pour les débutants, pour qui le salaire de départ sera au-dessus de 2000 € net dès 2023 » !

Certains non-enseignants ne savent sans doute pas qu’à l’heure actuelle, pour atteindre cette barre des 2000 € net par mois, il faut environ 10 ans d’ancienneté aux professeurs des écoles, aux professeurs des lycées professionnels, aux professeurs certifiés du secondaire… et environ 4 ans aux professeurs agrégés. Maintenant si je regarde du côté des nombreux enseignants maitres auxiliaires, ils n’y arrivent jamais, même après 20 ans d’ancienneté !

Ces précisions étant rappelées, je reviens à l’objectif annoncé par Pap NDIAYE : « pour les débutants, salaire de départ au-dessus de 2000 € net dès 2023 » ! Ce sera super… mais seulement pour eux ! Pour les autres, ceux aux nombreuses années d’ancienneté et dont la rémunération est encore loin d’atteindre cette somme, quelles augmentations auront-ils ? En effet, de simples calculs montrent que passer tous les enseignants à plus de 2000 € net par mois aurait un coût de plusieurs milliards pour l’État, alors que rémunérer à ce tarif uniquement les nouveaux entrants dont l’Éducation nationale a un besoin urgent est budgétairement très envisageable !

C’est peut-être uniquement cette dernière solution que sous-entendait donc Pap NDIAYE en s’exprimant devant les journalistes. Sans doute s’inspirait-il alors de l’Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu (20,1-16).

Si vous ne connaissez pas cet Évangile, je vais tenter de le résumer en quelques phrases : au petit matin, le maître d’un domaine embauche des ouvriers pour sa vigne. Il se met d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier. Dans l’après-midi il en embauche d’autres qui n’avaient malheureusement pas encore trouvé de travail faute d’employeurs. En fin de journée, il donne un denier à chacun ! Les premiers embauchés récriminent alors : c’est injuste ! Et le maître leurs répond : « Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi. N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? »

Ainsi, Pap NDIAYE pense peut-être dire la même chose aux enseignants déjà en poste et qui continueraient à être payés moins de 2000 € net par mois ! Cependant, le ministre oublierait alors plusieurs points importants de cet Évangile : d’une part les derniers embauchés étaient malheureusement restés presque toute la journée sans travail malgré leurs recherches et, à la fin, ils n’étaient pas payés plus que les premiers ; d’autre part, les premiers n’avaient pas été méprisés, dénigrés et humiliés par leur hiérarchie tout au long de la journée, comme c’est le cas depuis quelques années pour les enseignants !

Du coup, concernant les augmentations promises pour le début 2023, si notre ministre pense s’inspirer de cet écrit de Saint Matthieu, j’espère qu’il n’en extraira pas uniquement les parties susceptibles de l’intéresser, lui !

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Commentaires
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Commentaires d'Internautes

Oui... comme d'hab. Tout est sous "non contrôle"...
SLL.

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E-R Cima, kaff.