3 septembre 2023
L'abaya, pour mettre la poussière sous le tapis ?
Le 27 août, notre nouveau ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a ainsi commencé son discours : « L'école de la République s'est construite autour de valeurs et de principes extrêmement forts, et notamment de la laïcité. La laïcité ce n'est pas une contrainte mais une liberté. La liberté de se forger son opinion et de s'émanciper par l'école... »Sur le contenu de ces phrases-là, je suis en total accord avec lui !
Mais, par quel tour de passe-passe intellectuel a-t-il pu alors enchaîner en interdisant le port de l'abaya ?
Selon lui ce serait un signe religieux !
Or, en juin dernier, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) n'a-t-il pas affirmé, dans un communiqué, que l'abaya comme tout autre vêtement, « n'est pas un signe religieux en soi ». Et ce n'est pas un commandement coranique ! D'ailleurs, il parait que, dans le monde, 90% des femmes musulmanes pratiquantes ne portent pas l'abaya...
Alors pourquoi cette note de service du 31-8-2023, adressée aux cheffes et chefs d'établissement, aux inspecteurs et inspectrices de l'Éducation nationale, aux directeurs et directrices d'établissement, relative au respect des valeurs de la République ?
On constate que le port de ce vêtement dans les établissements scolaires est un sujet controversé qui suscite des débats passionnés.
Et cette interdiction laisse penser que les problèmes conflictuels entre élèves, parents, enseignants et hiérarchie seront enfin pris à bras le corps sous le noble prétexte de faire respecter la laïcité républicaine.
Mais ne démontre-t-elle pas plutôt un manque de compétence ou une idéologie politique marquée de certains hauts fonctionnaires et gouvernements qui n'ont pas eu la volonté ou le courage de faire appliquer les lois déjà existantes dans de nombreux domaines ?
Et donc, dans le contexte social actuel, avec l’abaya notre gouvernement espère sans doute faire oublier un certain temps le manque d'enseignants, leur manque de formation, la multitude d'élèves qui ne comprennent toujours pas ce qu'ils arrivent péniblement à lire, les réformes à balayer... et se permet ainsi de « mettre la poussière sous le tapis » !