31 mars 2024
« Groupes » en sixième et cinquième. Une politique inquiétante ?
La dispute entre Gabriel Attal et Nicole Belloubet semble avoir disparu des radars à propos du nom des « groupes » qu’ils vont mettre en place à la rentrée 2024, en sixième et cinquième, en mathématiques et en français. En effet, les « groupes de niveau » du premier (ministre), appelés « groupes de besoin » par la seconde, semblent avoir officiellement fusionné dans l’Arrêté publié au Journal Officiel du dimanche 17 mars dernier qui parle désormais de « groupes » « constitués en fonction des besoins des élèves ». Bon ! Les voilà réconciliés nos chers ministres. Il leur reste maintenant à savoir faire fonctionner cet afflux de « groupes » et là, c’est une autre histoire !Pour le ministère, c’est d’autant plus difficile à imaginer qu’il manque, entre autres, une grande quantité d’enseignants à l'Éducation nationale : 2830 équivalents temps pleins, a annoncé Nicole Belloubet, il y a 4 jours, à l’Assemblée nationale !
Qu’à cela ne tienne ! Il y a 3 jours, M. Boris Melmoux-Eude, DGRH (Directeur Général des Ressources Humaines) du ministère, aurait adressé aux recteurs une lettre leur soumettant plusieurs super solutions afin de pallier le manque de profs : mobiliser des professeurs des écoles, rappeler au front les récents retraités et... (de ce « et… », je vous en parlerai plus loin et vais commencer par le commencement !).
Au lieu de s'atteler sérieusement au problème persistant du recrutement des enseignants, nos éminents stratèges proposeraient de confier l'enseignement de disciplines spécifiques (maths et français) des groupes de 6ème et 5ème, à des profs du primaire, formés pour une tout autre mission, et de les soustraire de leur école où ils manqueront donc à coup sûr ! Quant aux retraités, vu le contexte actuel, est-il pensable qu’ils aillent spontanément se ruer, nombreux, vers une année de galère que leur nouvelle vie ne les incite peut-être plus à réitérer ?
Malheureusement, il me reste maintenant à parler de la troisième solution, celle que j’ai annoncée plus haut, à la suite du « et… ». Donc la voici : et… le DGRH invite les recteurs à favoriser le recours aux « professeurs associés » ; des profs recrutés « par le recteur sur proposition des chefs d’établissement sans condition de diplôme » ! Vous avez bien lu ! Sans condition de diplôme ! Et là, les bras m’en tombent !
En conclusion, soit notre actuel 1er ministre n’a pas été capable de prévoir qu’il manquerait des enseignants pour une mise en pratique efficace des groupes dont il vantait l’utilité, soit il en était bien conscient et ne cherchait qu’à faire un gros coup de com’ sur le dos de certains parents qu’il leurrait sciemment ! Dans les deux cas, la politique menée par nos gouvernants est loin d’être rassurante tant pour l’avenir de nos jeunes que pour celui de notre société !