19 mai 2024
Vade-mecum abscons du ministère de l’Éducation nationale ! Faire grève ou pas ?
Ce matin, la jeune élève, Latiti, que j’évoque quelques fois, est venue me rendre visite. L’objet de son passage chez moi tournait autour du vade-mecum que vient de publier le ministère de l’Éducation nationale afin de nous apprendre à mettre en route, dès septembre prochain et en sixièmes et cinquièmes de collèges, les fameux « groupes de besoins Belloubet » !Comme je commençais à tenter de lui expliquer le rôle supposé de ces nouveaux groupes, elle me coupa net la parole :
-Je les connais, et je sais que tu les apprécies peu. Du coup, avec ma mère, je suis allée lire le vade-mecum qui en fait officiellement état.
-Et ?
-Et je n’y ai rien compris ! 42 pages tortueuses dignes des mauvais romans de mauvais auteurs ! Aussi, je me suis demandé si mes profs allaient participer à la grève du 25 mai, contre ce « choc des savoirs » dont les « groupes de besoins » sont l’élément central. Moi j’espère que oui car… des cours sauteront.
-Et moi, j’espère que non ! Car, en tant qu’enseignant, faire grève, ça rapporte à son ministère ! Quand on est salarié d’une compagnie aérienne, d’un réseau de chemin de fer… c’est pénaliser son employeur et faire prendre conscience de ses problèmes à beaucoup de monde ; faire grève dans l’enseignement c’est, comme tu l’as dit, faire plaisir aux élèves et, surtout, à son ministère qui économise une journée de traitement sans perte « d’exploitation ».
-Mais s’ils ne font pas grève, comment manifester leur opposition ? me demande alors Latiti étonnée.
-Tu sais, Latiti, à l’heure actuelle il existe des réseaux sociaux qui touchent énormément de monde dans notre société… en passant, je te rappelle que tu dois t’en méfier à cause des fausses informations qu’ils véhiculent parfois. Mais, pour en revenir à notre sujet sur les « groupes de besoins » et leur « vade-mecum » abscons de mise en place, en les dénonçant de façon argumentée sur les réseaux sociaux, les enseignants ont de fortes chances d’être bien plus efficaces qu’en faisant par-ci par-là des grèves d’un jour !
-Donc, si j’ai bien compris, pour les profs, contrairement à d’autres professions, faire une grève un seul jour est suicidaire ! Mieux vaut qu’ils la fassent en continu, pendant longtemps ou bien qu’ils saturent les réseaux sociaux de critiques constructives envers leur hiérarchie.
-Bien résumé, Latiti, tu seras sans doute une bonne syndicaliste !