../s3_ae.gif Groupe de Chasse I/6. Base Aérienne de Chissey_ (8 mars 40 ; 11 avril 40).
Documents : Lieutenant Jacques_Jolicoeur, Sergent Gaston_Cima, SHAA Vincennes_, etc. B. E. R.Cima ©2003-2015.
Avant-propos

Avant-propos

«Comme indiqué précédemment, dans les années 1987 à 1993, ma femme et moi avons eu le plaisir de faire la connaissance d'anciens pilotes et mécaniciens du Groupe de Chasse I/6 en 1940 et, d'anecdotes en documents (dont les historiques du Lieutenant pilote Jacques_Jolicoeur -noté JJ ci-après- et du Sergent mécanicien Gaston_Cima -noté GC-) nous avons constitué un petit fond d'archives initialement prévues pour être publiées dans une monographie. Puis... le temps ayant passé sans publication, nous avons décidé de vous en faire part via Internet.» (R_Cima)

Départ vers Chissey_

Départ vers la Base Aérienne de Chissey_

(Clic +/- Précision)Chissey_ a changé de nom en 1974. La ville s'appelle désormais : Chissey_sur_Loue. (précision fournie par M. Jean-Pierre_Bredin)
Carte Marignane / Chissey
JJ. «Le 8 mars, le Groupe de Chasse I/6 [initialement basé à Marignane_] fait mouvement et gagne le terrain de Chissey_ (Jura_) à 12km N.N.O. d'Arbois. Il passe alors sous les ordres du commandement du Groupement 24 (Lt-Colonel Lamon_) de la Zone d'Opérations Aériennes Sud (Général de Corps d'Armée Odic_).»

Si l'échelon volant peut rejoindre rapidement Chissey_ (par les airs et en quelques heures), il n'en va pas de même pour l'échelon roulant qui, sur de longues distances, se déplace en train avec toutes les lenteurs que cela comporte :
-un mouvement d'environ 40 véhicules vers une gare pourvue d'un quai de transbordement,
-un chargement des véhicules sur des wagons plats préalablement commandés à la SNCF, à cet effet,
-un trajet ferroviaire avec arrêts fréquents,
-un débarquement des véhicules à l'arrivée, au plus près de la nouvelle Base Aérienne,
-un dernier mouvement pour rejoindre les avions du Groupe.

Lorsqu'en plus l'ensemble des wagons n'est pas au rendez-vous, certains retards sont à craindre. C'est ainsi que, pour le GC I/6, au lieu de partir le 8 mars comme les avions, le train de l'échelon roulant ne démarre que le 9, et à 20h !

GC. «7 mars 1940. Les ordres de départ arrivent. Je me renseigne pour l'embarquement de mes véhicules à la gare de Miramas_. Je me rends à la gendarmerie de Miramas_ pour me mettre au courant à propos du "plan de grenadage". Puis je vais à la "gare régulatrice" de Miramas pour commander à la SNCF les wagons correspondant au "plan de grenadage".»

Plan de grenadage


Plan réalisé afin de savoir, en fonction des véhicules à transporter, quels types de wagons plats sont à commander.
Sur le côté de chaque véhicule est peinte une grenade au centre de laquelle un chiffre indique ses caractéristiques, tout particulièrement de masse, permettant de savoir sur quel wagon plat il peut être embarqué.

Sur cette photo prise en mars 1942, sur la Base Aéronavale de Cuers_Pierrefeu (GC III/9), Gaston_Cima se tient debout au centre du groupe...



...Sur le wagon plat, après le marquage E3 on voit vaguement une grenade blanche (en attendant de trouver une photo plus caractéristique !).


GC. «8 mars 1940. Les véhicules sont prêts à embarquer sur le train. Nous partons vers la gare de Pas_des_Lanciers où l'embarquement aura lie.»
Clic +/- Trajet de l'échelon roulant
GC. «9 Mars 1940. à 20 heures nous partons pour une direction inconnue (Train avec wagons plats pour les véhicules et un wagon de 3ème classe pour le personnel). Nous passons Miramas_, Arles_, Tarascon_, Avignon_, Orange_, Valence_, Vienne_, Lyon_Brotteaux, Ambérieu_, Bourg_en_Bresse, Lons_le_Saunier, Poligny_ et Arbois_ (le pays du vin fin).»
GC. «Au passage du train, dans certaines gares il y a un «comité d'accueil» qui donne aux soldats du café, de la soupe... et entre temps ils mangent des «biscuits de guerre» (pas des rations) avec du chocolat, des sardines en boite...
Lors de l'arrêt à Lons_le_Saunier, patrie de Rouget_de_Lisle, le train s'est arrêté sur une voie de garage et les soldats ont fait la «foire» en l'honneur du compositeur des paroles de la Marseillaise.
Aux coups de sifflet du Caporal, tous sont remontés dans le train.
Enfin, à Arbois_, terminus de la ligne [pour nous], tout le monde descend, les véhicules aussi. Nous allons à Chissey_ (petit village du Jura_) mais nous logeons à Arc_et_Senans (Doubs_) [à 3 kilomètres de Chissey_. La Base Aérienne est située entre les deux bourgades]. Quel pays de froid et de boue !»

Arrivée à Chissey_

Arrivée à la Base Aérienne de Chissey_

JJ. «À l'arrivée du Groupe de Chasse I/6, sur son nouveau terrain, celui-ci est entièrement nu ! Aucun emplacement n'avait encore été arrêté pour les armes anti-aériennes. Pas de matériel de camouflage.
Tous les efforts du Commandant de Groupe [Capitaine TRICAUD_] tendront à réaliser d'une manière progressive, malgré les difficultés de tous ordres, l'installation de son Poste de commandement, de ses moyens généraux techniques et de ses escadrilles sur le terrain même, seule méthode permettant d'assurer dans des conditions convenables l'exercice du commandement ainsi que la vie du personnel : son travail, son alimentation, ses distractions, son repos.
Cette installation était, le 11 avril, jour de départ du Groupe [Vers Berck_sur_Mer], en voie de réalisation.»

De gauche à droite : S/Lt Hoor_ (2ème escadrille), Lt Jolicoeur_ (2ème escadrille), Lt Duchène_Marullaz (1ère escadrille).


Missions à Chissey_

Missions à Chissey_

Considérations générales

JJ. «Dans cette période, la mission principale du Groupe de Chasse I/6 devait consister à assurer la défense aérienne du territoire de la région de Dijon dans une zone s'action limitée au Nord par la ligne Montbard_, Langres_, Gray_, l'Isle_sur_le_Doubs, Pont_de_Roide.»
Clic +/- limite Nord de la zone d'action du GC I/6
JJ. «En outre, d'après les directives du Général Inspecteur de la Chasse, le Groupe de Chasse I/6 devait être entraîné progressivement aux missions de guerre, en collaborant aux missions de chasse d'armée confiées au Groupe de Chasse II/7 stationné à Luxeuil_ (Groupe de Chasse mis à la disposition de la VIIIe Armée terrestre). En fait, cette collaboration fut des plus réduite et le Groupe de Chasse I/6 n'eut à fournir que quelques patrouilles simples demandées à la dernière minute lorsque le Groupe de Chasse II/7 n'arrivait pas à étaler.»
JJ. «Interdiction lui étant faite d'effectuer des missions de Chasse libre dans la zone d'action de la Chasse d'Armée, le Groupe de Chasse I/6, réduit pratiquement dans son activité aux limites étroites de missions de Défense aérienne du Territoire, dut être engagé dans la Bataille de France avec un entrainement général insuffisant et avec des pilotes dont les neuf-dixièmes n'avaient jamais rencontré l'ennemi.
Le Groupe de Chasse I/6 exécute ainsi, du 8 mars au 14 avril, 34 missions de Défense aérienne du Territoire ayant nécessité 122 sorties et 5 missions de chasse d'Armée avec 16 sorties. La plupart de ces missions sont effectuées à haute altitude, entre 6.500 et 8.000 mètres.»

Chronologie des faits marquants

JJ. «Le 9 mars, le Groupe de Chasse I/6 effectue son premier décollage sur alerte. Le soir, un avion ennemi survole le terrain provoquant l'ouverture du feu de la défense contre aéronefs.»
JJ. «Le 11 mars, l'appareil (Clic=informations)N° de série 860 d'après la "Collection Histoire de l'Aviation n°5 : le Morane-Saulnier MS 406. Edition LELA Presse" du Sergent tchèque Janouch_ prend feu à 8000m au-dessus de Dijon_. Le pilote tente de rentrer au terrain, fait un dernier tour de piste, puis décide de sauter en parachute et atterrit indemne à quelques mètres de son avion en flamme, à quelques 80 mètres de la piste. Le saut a été effectué à 60 mètres d'altitude environ.»
GC. «11 Mars 1940. Un de nos avions prend feu et s'abat au sol à quelques mètres du terrain. Le pilote a sauté en parachute. Heureusement pour lui car son avion n'est plus qu'un amas de ferraille fondue et tordue.»

L'auteur J-P Girardier_ (Chissey_ 1939-1945), citant un témoignage du pilote lui-même, écrit qu'au cours d'un vol de reconnaissance, le Capitaine [en réalité Sergent à l'époque] Janouch_, apercevant de la fumée blanche sortir de son moteur et constatant que la température de ce dernier augmentait, décide de faire demi-tour. Ce n'est qu'en commençant la procédure d'atterrissage sur le terrain de Chissey_ que le moteur prend feu et que le pilote saute en parachute. L'altimètre de l'appareil étant défaillant, le pilote croit sauter de bien plus haut !


JJ. «Le 11 mars, le GC I/6 reçoit le S/Lt pilote Démoulin_.»

JJ. «Le 12 mars, le GC I/6 reçoit les pilotes tchécoslovaques Lt Kulhaneck_ et les C/C Horsky_ et Hranicka_ ainsi que le Caporal mécanicien tchécoslovaque Louda_»
JJ. «Le 13 mars il reçoit le S/Lt pilote Raphenne_.»

GC. «19 mars 1940. Si les avions se «bigornent» il en est de même pour les camions. Un des nôtres, après une mission à Besançon_, a loupé un virage et est entré dans un arbre. Personne de blessé mais le camion est hors d'usage.
À 22 heures je suis encore sur la route avec une lampe électrique, en compagnie d'un brigadier de gendarmerie (Entre parenthèses, il n'était pas à jeun [ce brigadier] car il n'a même pas vu que le camion a percuté un autre arbre avant d'enfoncer complètement le dernier).»

JJ. «Le 22 mars, une patrouille de la 2ème escadrille (Cap. Bruneau_, Lt Jolicoeur_, Sgt Bertrand_) effectue la première mission de Chasse d'Armée en liaison avec le Groupe de Chasse II/7 : mission de protection d'un Potez 63 sur le secteur _Steinen-Staufen_. Au retour, le dispositif, sur renseignement radio, tente d'intercepter, sans résultat, un DO 17 sur Mulhouse_.»
JJ. «Le 25 mars, le GC I/6 reçoit le S/Lt pilote Halgrin_.»
JJ. «Le 7 avril, une patrouille du Groupe de Chasse I/6 (Cap. Tricaud_, Cap. Bruneau_, S/Lt Demoulin_), recevait le baptême du feu. Cette patrouille, en renforcement d'une patrouille triple du Groupe de Chasse II/7 engage le combat avec un JU 52 dans la région de Luxeuil_. Le JU 52 est abattu.» (Clic=informations)Avec les 12 MS 406 engagés, il semble que l'on n'ait pas su à quel pilote attribuer la victoire.
JJ. «Le 10 avril, le GC I/6 reçoit le Médecin auxiliaire Vivier_.»

JJ. «Le 11 avril, le Groupe de Chasse I/6 fait mouvement de Chissey_ à Berck_sur_Mer.»

Les travaux d'installation à Chissey_ étaient toujours en voie de réalisation.

Carte Berck / Chissey

Embarquement pour Berck_

Embarquement de l'échelon roulant

GC. «11 avril 1940. Assez de ce pays : il nous faut du nouveau et c'est ainsi que tout le matériel est rembarqué dans les camions.
La demande de wagons a été faite en gare de Mouchard_ (gare régulatrice).
À Arbois_ le train nous attend. Le convoi embarque et nous voilà de nouveau près à partir vers un pays inconnu.
Les mécaniciens s'en vont par avion avec un Wibault_ de la Cie Air-France. Je ne leur souhaite pas de rencontrer des chasseurs ennemis car le Wibault_ n'est pas armé !»

Précisions au sujet du matériel de l'échelon roulant

Photo localisation inconnue. De gauche à droite et de haut en bas :
Vuilleminey_ - Jérome_ (presque invisible) - Rautast_ - Buton_ - Clémençon_ - Debelle_ - Cima_ - Souiller_.

GC. «L'échelon roulant gérait une quarantaine de véhicules de tous tonnages. Il avait une dizaine de "chauffeurs en titre" et les autres chauffeurs venaient des escadrilles pour prendre les véhicules dont ils avaient momentanément besoin.
Il ne disposait pas de camions citernes avec essence pour avion. Cette dernière, différente de l'essence pour véhicules, devait être théoriquement trouvée sur place, sur le terrain d'accueil, dans des citernes enterrées. Il en allait de même pour l'huile d'avion.
Par contre l'échelon roulant disposait d'un camion-citerne pour l'essence de ses propres véhicules. Dans le «plan de grenadage», pour des questions évidentes de sécurité, il fallait faire en sorte que, sur le train, ce camion ne soit jamais mis juste devant ou derrière un wagon voyageur.
Un camion était réservé au transport de l'huile, de la graisse et du liquide de refroidissement des véhicules.
Il y avait trois camions de ravitaillement de pièces moteur avion et un camion de ravitaillement de pièces mécaniques pour les véhicules, un camion groupe électrogène.
L'échelon roulant gérait aussi un camion armement (réparation des armes, mitrailleuses et canons avion) confié à un mécanicien armement. Ce camion m'a d'ailleurs posé problème, entre Lognes_ et Salon_de_Provence, au cours de la Bataille de France [nous évoquerons ce problème plus loin].
Il gérait aussi deux «camions insufflateurs». (Clic=informations)«Camion Citroën type 23 modifié (type unique pour toute l'armée de l'air).» Matthieu_Comas. Ces véhicules manquaient à Marignane_ et, si mes souvenirs sont bons, ils manquaient peut-être bien aussi à Chissey_. C'était des véhicules avec citerne à carburant, ventilateur et gaine de ventilation fournissant de l'air chaud afin d'assurer le démarrage rapide des moteurs d'avion en réchauffant leur carter d'huile de lubrification et leur réservoir à huile.
Les moteurs d'avion étaient à démarrage à air comprimé. Dès que le moteur avait démarré le pilote ne pouvait pas mettre plein gaz pour décoller ; il fallait attendre que l'huile de lubrifrication moteur atteigne une certaine température. Le camion insufflateur activait la chauffe de l'huile.
Enfin, l'échelon roulant disposait de camions banalisés et de véhicules de liaison (side-car et automobiles).»

Document suivant : À Berck_, les missions de guerre vont-elles commencer ?


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