../s3_ae.gif Groupe de Chasse I/6. Base Aérienne de Berck_ (11-4-40 ; 2-5-40) puis de Marignane_ (2-5-40 ; 17-5-40)
Documents : Lieutenant Jacques_Jolicoeur, Sergent Gaston_Cima, SHD Vincennes_, etc. B. E. R.Cima ©2003-2015.
Résumé

Résumé des documents précédents

Carte bases

Avril 1940.
Bases Aériennes successives du GC I/6

Entre fin décembre 1939 et début avril 1940, le Groupe de Chasse I/6, stationne successivement sur les bases aériennes de Marignane_, Chissey_, puis Berck_ (objet de ce document). En un peu plus de trois mois il a donc été «promené» de base en base, sans avoir jamais effectué la moindre mission de guerre, au grand dam de ses pilotes dont la préparation devenait de plus en plus théorique.

Dans le texte, les notes «JJ» correspondent à l'historique écrit par le Lieutenant pilote Jacques_Jolicoeur du GC I/6 (historique qu'il nous a confié dans les années 1987-1993) et les notes «GC» correspondent à l'historique écrit par le Sergent mécanicien Gaston_Cima. (R.Cima)


Arrivée à Berck_

Arrivée à Berck_sur_Mer

JJ. «Au début d'avril, le Commandement s'attend à une attaque imminente sur la Hollande et la Belgique et décide de renforcer les forces aériennes du front N.O.
Le 11 avril, le Groupe de Chasse I/6 fait mouvement de Chissey_ à Berck_sur_Mer où il est mis à la disposition du Général Commandant la Zone d'Opérations aériennes du Nord. Une partie du personnel mécanicien est transporté par avion de transport.
Le Groupe de Chasse I/6 est affecté au Groupement 25 (Lt Colonel de Moussac), poste de commandement : Norrent_Fontes [près de Lille_].
La défense anti-aérienne du terrain de Berck_ n'était pas organisée. Le sous-sol sablonneux était imbibé d'eau et ne se prêtait pas à la mise en place d'armes anti-aériennes. Il eut fallu une quantité considérable de sacs de terre ; ils ne furent pas fournis.
Aucun matériel de camouflage n'avait été prévu.»

GC. «11 avril 1940. À Arbois_ [près de Chissey_] le train nous attend. Le convoi [des véhicules de l'échelon roulant] embarque et nous voilà de nouveau près à partir vers un pays inconnu. [La demande de wagons a été faite en gare de Mouchard_ (gare régulatrice).]»
GC. «Les mécaniciens s'en vont par avion avec un Wibault de la Cie Air-France...»

Wibault 283T. (Clic=informations)Trimoteur de transport civil construit en 1934 par la «société des Avions Michel_Wibault».
10 passagers et 3 hommes d'équipage. Autonomie 1000km.
Air France l'utilise sur certaines de ses lignes régulières jusqu'en 1939 et, en 1940, pour certains transports militaires dont ceux des mécaniciens des Groupes de Chasse.


Clic +/- Trajet de l'échelon roulant
GC. «12 avril 1940. Nous passons Dole_, Dijon_, Sens_, le Bourget_, Creil_, Amiens_, Abbeville_, Rue_, et nous arrivons vers 21 heures à Fort_Quend_Mahon.
Le convoi est aussitôt débarqué à la lueur de projecteurs à acétylène. Le quai n'est pas pratique mais le personnel commence à être habitué. [La gare la plus proche de notre terrain est Rang_du_Flier, un peu plus loin que Quend ; mais à Rang_du_Flier la voie de débordement est trop courte pour pouvoir débarquer les véhicules sans gêner la circulation des trains. Elle est courte, aussi, à Quend_Fort_Mahon et il faut manœuvrer les wagons un à un pour les mettre devant le quai. De Rang_du_Flier il y a un train à voie métrique pour aller à Berck_.]»
GC. «13 avril 1940. À 1 heure du matin nous errons dans les rues de Berck_sur_Mer à la recherche d'un refuge pour la nuit. Nous logeons [enfin] à la polyclinique rue de l'Impératrice.»
JJ. «Le 13 aril le Groupe de Chasse reçoit le Lieutenant Coutrot_ chargé de l'Unité administrative»

Inactivité

Inactivité

GC. «Berck_sur_Mer et Berck_Plage, distantes de 2km environ, sont deux petites stations de tout repos, aussi on y voit beaucoup de malades et, surtout, des gens chics, malgré les circonstances.
Toujours est-il que je m'éloigne de plus en plus de chez moi, mais, en échange, on commence à voir du mouvement : des avions et même beaucoup d'avions ennemis.»
GC. «15 avril 1940. Je vais au ravitaillement jusqu'à Gravelines (Pas_de_Calais) où est stationné notre parc ravitailleur. [Gravelines_ ! Quelle idée d'avoir mis le parc de ravitaillement en avant de la Base, si près de la frontière ? GC.]»

Un accident endeuille le Groupe

JJ. «Un triste accident devait affecter la vie du Groupe pendant ce séjour : le 24 avril, le Sergent Bertrand_, convoyant un avion de Chissey_ à Berck_, se tuait au décollage sur le terrain de Chissey_.»
GC. «24 avril 1940. En partant de Chissey_, nous avons laissé un avion qui était indisponible pour moteur à changer. Un Sergent pilote va le chercher afin de le convoyer jusqu'à Berck_. Au décollage l'avion prend feu. Le pilote, un bon camarade, est carbonisé. [N'ayant pas été sur place, je ne ferai pas de commentaire tranché sur les causes de l'accident : erreur de pilotage ou, plus probablement, erreur de réparation ?]»

Document très «spécial» relatif à l'accident !

Ce document, qui sort des sentiers battus officiels ou semi-officiels, nous a été envoyé par Monsieur Jean_Pierre Bredin_ (que nous remercions vivement), avec la mention suivante : «Bonjour, j'ai retrouvé le cahier d'école de ma maman (Yvette_Bredin née Perret_ en 1927 +1994) qui relate l'accident d'avion du sergent Bertrand_»

Il s'agit d'une rédaction dont le sujet est : racontez un événement qui vous fait rire, ou qui vous fait pleurer, ou qui vous fait peur.
Ci-dessous, nous avons retranscrit la prose de Mlle Yvette_Perret (13 ans).

«Mercredi, vingt quatre avril, un évènement tragique s'est produit au camp de Chissey_.
C'était un avion qui était en réparation ; un sergent pilote était délégué, pour venir le chercher ; il était venu du matin pour repartir dans la journée rejoindre son escadre ; personne ne se trouvait sur la piste car il était midi quarante-cinq, et le pauvre pilote monte dans la carlingue.
A peine cinq mètres au dessus [du sol], l'avion culbute et va s'abattre sur le sol, la radio avertit l'autorité militaire qui immédiatement se précipite sur le terrain, mais il était impossible d'approcher, car c'était un nuage noir de fumée et une flamme, et l'on entendait des balles partir, quelle émotion ce fut pour tout le monde, car ce pauvre malheureux n'a pu avoir aucun secours, l'ambulance l'a emporté à l'infirmerie.
Ce fut un bouleversement dans le pays, le pauvre soldat est mort pour nous défendre.
Quel véritable désastre et quel chagrin pour les parents !»

GC. «26 avril 1940. Deuxième voyage à Gravelines_. Seul, j'en profite pour visiter Étaples_, Boulogne_ et Calais_. Le temps est très clair, c'est même rare, au loin se dessinent les côtes d'Angleterre.
Avec une voiture légère, je vais chercher des pales d'hélices car notre stock est épuisé. Ces dernières cassent, comme les roues, lorsque les avions piquent du nez sur le terrain sablonneux et instable de Berck_.
Les pales dépassent des vitres de l'auto mais il n'y a pas de circulation, donc pas de danger sur la route.
Pendant le trajet je suis survolé par des avions allemands qui ne font que passer.»
JJ. «Le 26 avril le Groupe reçoit des soldats divers de la Base de Chartres_, en recomplètement.
JJ. «À la fin du mois d'Avril, l'Aspirant Janis_, pilote de la 2ème escadrille, est nommé S/Lieutenant.
JJ. «Pendant son court séjour sur le terrain de Berck_sur_Mer, l'activité du Groupe de Chasse I/6 se borne encore [comme à Chissey_] à des missions de Défense du Territoire. Le Groupe effectue durant cette période, 13 missions de couverture représentant 49 sorties.»

Les temps de loisirs sont nombreux !

Petit test à propos du nombre d'avions par patrouille.
Clic : charger le test

Puisque nous parlons loisirs, avant de poursuivre cet historique sur le Groupe de Chasse I/6, comme il est souvent question de «patrouilles», nous vous proposons un petit test relatif au nombre de chasseurs engagés dans les patrouilles de chasse. Test sur un thème purement fictif.


Départ de Berck

Départ de Berck-sur-Mer

JJ. «Fin avril, le Groupe de Chasse I/6 reçoit l'ordre de faire mouvement pour se rendre sur le terrain de Norrent_Fontes, près de Béthune_.
Mais, la campagne de presse et les menaces italiennes accusant l'hostilité croissante de l'Italie à notre égard, le Commandement décide certaines mesures préparatoires de renforcement du dispositif face à notre frontière du Sud-Est.
GC. «1er Mai 1940. De quoi ? Préparatifs de départ. Et oui, nous sommes repérés par les Fritzs qui viennent très souvent nous rendre visite.
Tout est prêt pour partir, nous allons vers Norrent_Fontes, près de Lille_ (Nord). Mais au moment de partir par la route, que se passe-t-il ? Contre-ordre ; nous partons plus loin, par le train.
Les préparatifs pour embarquer s'activent rapidement, je me rends à la gare d'Étaples_ afin de reconnaître le train.»

GC. «Comme chaque fois, la SNCF fournit des traverses que l'on pose transversalement sur les tampons, entre deux wagons, afin que les véhicules puissent passer de l'un à l'autre, car tous les embarquements se font en bout de train.
Sur les wagons les véhicules ne sont pas arrimés avec des cordages ; leurs roues sont maintenues par des cales clouées sur les wagons ; 3 cales (avant, arrière et latérale) par roue.»

GC. «2 Mai 1940. Les avions de transport arrivent pour prendre les mécaniciens, quant à moi, je pars à la gare pour assister à l'embarquement de l'échelon roulant.
À 18 heures tout est prêt, véhicules amarrés sur le train pour faire encore le tour de France. Nous sortons en ville mais nous n'avons pas la loi ; les Anglais priment. Heureusement que nous partons car des bagarres seraient très fréquentes. Mais où allons-nous ? Vers l'Est sans nul doute.»

Carte Berck /Marignane
JJ. «Le Groupe de Chasse I/6 se transporte le 2 mai à Marignane_. Le voyage fortement contrarié par un mauvais temps persistant durera au total près de 8 jours pour l'ensemble du Groupe [pour certains avions !].
Une patrouille de l'État-Major et une de la 2ème escadrille atteignent seules le terrain de Marignane_ dans la soirée du 2 mai, après avoir essuyé des grains discontinuels depuis son départ de Berck_ à 14h30.
La 1ère escadrille et les patrouilles restantes de la 2ème rejoignent, après avoir fait escale à Romilly_.»

Clic +/- Trajet de l'échelon roulant

Alors que les avions ont du mal à rejoindre Marignane_ par les airs, l'échelon roulant prend le train.

GC. «3 Mai 1940. 6 heures. Départ de la gare d'Étaples. Nous empruntons la grande ligne. Rang_du_Flier, Abbeville_, Amiens_, Creil_, et vers midi nous arrivons au Bourget_.
À nous les voies rouillées car à chaque gare de triage c'est bien rare si nous ne restons pas au moins une heure en attendant qu'on veuille bien nous changer de locomotive.
Mais nous repartons par la Grande_Ceinture, Châlons_sur_Marne, Dijon_, Macon_. La nuit nous surprend et, bercés par le roulement du train, nous sommeillons doucement.
4 Mai 1940. Voilà déjà deux heures que nous sommes dans cette petite gare, à une lieue de toute habitation mais nous repartons bien vite avant que j'ai pu savoir le nom de ce pays.
11 heures. Arrivée à Lyon_Brotteaux et nous avons 45 minutes d'arrêt aussi j'en profite pour sortir de la gare et donner de mes nouvelles à ma marraine qui est à Saint_Génis_Laval. Elle est très contente d'avoir de mes nouvelles et me gronde de ne pas lui écrire plus souvent.
Il faut retourner au train car nous allons repartir. Lyon_ est très calme, les alertes malgré leur fréquence ne font pas peur aux lyonnais.
Nous traversons Vienne_, St_Rambert d'Albon_ (où de charmantes jeunes filles nous offrent des rafraichissements), Valence_, Orange_, Avignon_, Arles_, Miramas_, Rognac_, point terminus, et déjà je tire des plans pour décharger le matériel et les véhicules.
Il est 21 heures et les hommes sont fatigués. Après entente avec les Officiers, le matériel ne sera déchargé que demain matin et, évidemment, avec mes camarades on en profite pour descendre en ville.
Mais nous n'aimons pas nous laisser charrier par des civils, et raison de plus par des "affectés spéciaux" (Clic=informations) Ce sont des ouvriers qualifiés, cadres ou entrepreneurs, cheminots, postiers, policiers... renvoyés dans leurs usines ou administrations pour assurer la «continuité du service». aussi il a fallu en venir aux poings ; mais l'aviation est forte et après quelques vigoureux contacts tout se termine par un arrosage général à l'Hôtel de la Gare où nous passons la nuit.»
GC. «5 Mai 1940. L'échelon est débarqué de très bonne heure et, en route pour Marignane_. 7 km nous séparent seulement et, comme toujours, je prends la tête avec la Simca. (Clic=informations) Sur l'aile gauche de la Simca on remarque la présence de l'étoile [orange] à 6 branches, symbole des véhicules de l'Armée de l'Air.
Arrivé à destination, «déjà» quelques-uns de nos avions sont là ; les autres ont été contraints d'atterrir [ailleurs], les conditions atmosphériques étant défavorables.
Après-midi, repos ; la voiture est à ma disposition et j'en profite pour descendre à Marseille voir des anciennes amies déjà oubliées.
7 Mai 1940. Le travail reprend après installation du bureau technique duquel je suis le chef de service.
8 Mai 1940. Craignant d'être bombardés par l'aviation ennemie, toutes les précautions sont prises. Les avions sont desserrés dans la nature tandis que moi, je m'occupe d'aller placer les véhicules en sureté sur une petite route bordée d'arbres, près de Pennes_Mirabeau. [À un peu moins de 10km de la Base. Les chauffeurs dorment dans leurs camions où ils sont ravitaillés de nuit en essence pour être prêts le matin.]
9 Mai 1940. Personne n'est venu nous bombarder ; ne désespérons pas, ce sera pour cette nuit. Aussi, même travail, même procédure que la veille.
10 Mai 1940. Oh ! Mais ça va mal, il y a du sport dans l'air ; vite il nous faut repartir et, bien que les ordres ne soient pas arrivés, je tiens tout le matériel en état de faire mouvement car je prévois un prochain déménagement du "cirque".»

JJ. «Les pilotes tchécoslovaques de la première heure reprennent, le 11 mai 1940, le grade qu'ils avaient dans leur Armée de l'Air nationale :
Photo : le Capitaine Kulhaneck_ semble coudre ses nouveaux galons.
JJ. «Le 12 mai le Groupe de Chasse reçoit le S/Lieutenant pilote Paturle_.»
GC. «16 Mai 1940. Enfin nous revoilà prêts à repartir. Mais où, cette fois-ci ? Peut-être en Belgique !»
JJ. «À Marignane_ le Groupe de Chasse I/6 passe 15 jours au cours desquels il effectue 4 missions de couverture représentant 9 sorties.»

Document suivant : Lognes. Premiers combats.
Le GC I/6 a le triste privilège de détenir le record du nombre de pilotes tués en opérations !


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