../s3_ae.gif Guerre de 1914-1918. Bombardement de l'église Saint_Gervais (Paris), le 29 mars 1918
Dossier réalisé à partir de documents divers provenant d'archives de la BNF et de la BSPP. M_Truttmann et E_R_Cima ©2018.

Guerre de 1914-1918
Paris : drame du 29 mars 1918

Le lieu du drame

Le lieu du drame

Le drame s'est produit dans l'église Saint_Gervais-Saint_Protais, située dans le 4ème arrondissement de Paris, juste derrière l'Hôtel de Ville de Paris.

Clic : +/- situer l'église sur un plan de Paris


Quelques mots sur l'église

Quelques mots sur l'église Saint_Gervais-Saint_Protais

La façade principale (photo) a été édifiée entre 1616 et 1621.

130 ans pour construire cette église !

130 ans en effet car sa construction débute vers 1494 sur le terrain d'une petite église préexistante que les administrateurs de la paroisse ont décidé de reconstruire et d'agrandir.
Commence alors l'édification de l'une des chapelles latérales de la future église Saint_Gervais.
Mais l'ancienne église était enserrée dans un ensemble de maisons. Du coup, la construction de la nouvelle église se poursuit à un rythme très irrégulier lié aux difficultés d'achats des petites parcelles du terrain environnant.
C'est ainsi qu'en 1623, 130 ans après le début des travaux, s'achève enfin la construction de la dernière chapelle de l'église !
Source : « Les églises flamboyantes de Paris » par Agnès Bos, éditions Picard, 2003.

La lenteur de construction de l'église doit, aussi et sans doute, être liée aux effets annexes des « guerres de Religion » ayant frappé la France entre 1562 et 1598 !


La photo permet de constater que cette partie latérale de l'église (sa façade est à droite de la photo) est toujours enchâssée dans un immeuble.
Le 29 mars 1918, un projectile allemand pénètre dans l'édifice religieux par le mur latéral près de la jonction entre l'immeuble et l'église.


Le drame

Le drame

Ce 29 mars 1918 est un « vendredi saint ». 16h36. L'église de Saint_Gervais est bondée et les fidèles y prient pour la paix (office des Ténèbres).

La photo de la nef a été prise depuis le chœur, en direction du fond de l'église (entrée principale).


Un projectile allemand détruit la partie haute de l'un des piliers latéraux ainsi que son arc-boutant ce qui entraîne l'effondrement, sur les fidèles, d'une grosse partie de la voûte.


Ces photos (Agence Rol, Bibliothèque Nationale de France) nous donnent un aperçu des pierres, gravas et autres qui se sont abattus sur les fidèles.

Des décombres on retire 75 morts (dont 72 femmes et enfants) et 80 blessés dont 16, gravement atteints, décèderont dans les jours qui suivent.


Traces actuelles

Traces actuelles

Des impacts sont encore visibles

Impacts d'éclats sur l'un des piliers d'angle entre la nef et le transept (premier plan de la photo).


In memoriam

Mémorial, dans une chapelle latérale de l'église, avec les noms des morts du 29 mars 1918.
Photo Michel_Truttmann (2013)


D'où peut bien provenir ce projectile ayant fait 91 morts dans l'église Saint_Gervais ?
Aucun avion, aucun dirigeable ennemi, n'a survolé la capitale et le front allemand est à près de 100km de Paris !

Offensive allemande en Picardie

Mars 1918. Grande offensive allemande en Picardie

Le traité de Brest-Litovsk

Au cours de la guerre de 1914-1918, les Allemands et les Austro-Hongrois (Empires centraux) ont essentiellement eu à combattre leurs ennemis en même temps à l'Est et à l'Ouest de leur pays.
Le conflit, à l'issue incertaine, risquait de tourner à l'avantage des alliés de la France dès lors que, le 6 avril 1917, les États-Unis avaient déclaré la guerre à l'Allemagne.

Le traité de Brest-Litovsk, signé le 3 mars 1918 entre les Empires centraux et la République russe nouvellement proclamée suite à la révolution russe de 1917, met fin aux combats sur l'un des deux fronts.
Du coup, les Allemands libérés à l'Est déploient la quasi-totalité de leurs forces sur le font occidental ; tout particulièrement en Picardie, au Nord et Nord-Est de Paris.


« Pariser_Kanone »

« Pariser_Kanone » : une prouesse technologique

L'église Saint_Gervais a été atteinte par un obus tiré par un canon exceptionnel : un « Pariser_Kanone » dont la portée est d'un peu plus de 120km alors que les portées classiques, à l'époque, sont au maximum de 30km !

Ce canon, qui tire sur Paris depuis le 23 mars 1918, est dans la forêt de Saint_Gobain, près de Crépy_ (Crépy_en_Laonnois en 1918), à 118km de l'église qu'il vient de bombarder.

Les français l'appellent, à tort, Grosse_Bertha ; à tort car les Grosses_Bertha -Dicke_Bertha- étaient d'autres canons allemands bien plus modestes que celui dont il est ici question.


Clic : +/- situer le canon sur une carte


Des caractéristiques hors du commun !

Canon
-Tube de 36 m de long soutenu par un haubanage
-Masse totale avec sa plate-forme métallique de tir : 750 tonnes
-Calibre : 21 cm
-Angle de tir fixe : 55°
-Portée variable en fonction de la charge de l'obus
-Portée : 120km à charge maximale
-Masse de l'obus à charge maximale : 325 kg dont 200 kg de poudre
-Tube changé tous les 65 coups (forte usure).

Projectile à charge maximale :
-Temps de propulsion 3 s
-Vitesse initiale : 1580 m/s (5 fois la vitesse du son)
-Apogée après 90s : 40 km d'altitude (premier engin stratosphérique)
-Vitesse à l'apogée : 675 m/s
-Temps de vol : 180 à 210 s
-Impact à 660 m/s.

Sept canons ont été construits (usines Krupp d'Essen et usines Škoda de Plzeň).
Pour plus de précisions, voir les sites spécialisés.


Conséquences pour les Allemands

Conséquences pour les Allemands

Effets des Pariser_Kanonen

L'objectif allemand, lorsqu'est lancée la mise à l'étude et la réalisation des Pariser_Kanonen, est de déstabiliser psychologiquement les habitants de Paris en faisant pleuvoir sur eux un feu depuis des points difficilement repérables car inimaginablement éloignés de Paris à l'époque.
La réussite est partielle. Entre les premiers tirs du 23 mars 1918 et début avril 1918, ce sont près de 500.000 Parisiens qui quittent la capitale ; mais, contrairement aux attentes allemandes, le gouvernement français ne demande pas d'armistice.

Bombardement de l'église Saint_Gervais

Le bombardement du 29 mars crée l'union sacrée autour de ce drame : rencontres interconfessionnelles (M.Pagès, président du consistoire protestant et grand Rabbin Lévi) ; soutien international à la France par messages de sympathie (ambassadeur d'Espagne, de Suisse...).


.
Pour en savoir plus...
Kiosque

Kiosque

.

.
.
.
.
.
.
.
Retour à la page d'accueil
M Truttmann ; E-R Cima, kaff.