../s3_ae.gif Ligne Maginot - Histoire. 1940. Guerre franco-allemande. Oflag XB. Organisation générale.
Dossier réalisé à partir de documents de M. Jacques Mercier, de Mme Coralie Aublanc Burlot et de M.Jean-Pierre Duhard, que nous remercions vivement. © Cima 2008-2013
Introduction

Introduction

Capitaine Jean-Marie Mercier_
photos/oflag_xb_jm_mercier.jpg Capitaine Jean-Marie Mercier_. Matricle 1145 à l'Oflag.

Après la capitulation de la France, en vertu de la décision de la Commission de WIESBADEN, en juillet 1940 le Capitaine Jean-Marie Mercier, Major du Metrich (SF Thionville, 167eRIF) prend le chemin de l'Oflag XB, avec nombre d'autres officiers de diverses unités.

Selon les termes de la décision, en tant qu'officier de la Ligne Maginot "invaincue", le haut commandement de l'Armée allemande lui accorde les honneurs de la guerre et l'autorise à conserver, en captivité, ses armes et bagages.

Lorsque, pour raison de santé, il retourne en France début 1943, certains de ses documents l'accompagnent. Et, dans ces pages, son fils Jacques Mercier nous en fait partager quelques-uns relatifs à l'Oflag XB.


Sous-lieutenant Léon_Boursat
photos/oflag_xb_leon_boursat.jpg Sous/Lieutenant Léon Boursat. Matricule 76646 à l'Oflag XB

Léon_Boursat est Officier au 271eRI, unité de la 60eDI (7e Armée commandée par la Général GIRAUD) stationnée au niveau du SF des Flandres avant son entrée en Belgique, en mai 1940. Le 271eRI fait donc partie de ces unités prises en tenaille par les Allemands, entre la Belgique et Dunkerque, et dont les survivants sont parmi les premiers prisonniers de guerre. La Commission de WIESBADEN ne lui accorde pas les mêmes droits qu'aux officiers de la Ligne Maginot (pas d'armes, entre autres).

Léon Boursat ne sera libéré qu'en 1945 et reviendra en France avec des documents et objets que sa petite-fille Coralie Aublanc Burlot nous présente dans ce dossier.


photos/oflag_xb_boursat1.jpg Le S/Lt a rejoint l'oflag après un court passage en stalag.
Capitaine Paul Touraine

Le capitaine Paul Touraine est né le 9 février 1880 à Périgueux (Dordogne). En 1940 il était âgé de 60 ans, ancien combattant et officier de réserve ayant repris du service au 11e régiment régional (issu de la 1ère région militaire et stationné dans le Pas-de-Calais). Ce 11e régiment, réduit à 2 Bataillons, a été une unité combattante du 20 mai au 4 juin 1940 et il fut englouti dans la tragédie de Dunkerque, où il disparut.


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Le Capitaine Touraine, fait prisonnier le 13 juin 40 à Montreuil, partit pour le Stalag VI-B le 27 juin 40, puis pour l'Oflag X-B de Nienburg am Weser près de Hanovre (Allemagne) le 6 juillet. Il fut libéré l'année suivante, pour raison sanitaire. Au dos de sa fiche de libération (reproduite ici), est indiqué qu'il était atteint du typhus, une rickettiose portées par les rongeurs et transmise aux humains par les puces et les poux de corps. Cette maladie fut responsable de dizaines de milliers de décès dans les camps.


OFLAG XB
Dactylo-script

OFLAG XB

Dactylo-script de référence

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Géographie

Situation géographique

photos/oflag_xb_boursat2.jpg Dessin de «Tiburse» (6 juin 40) montrant que le relief avoisinant le camp est, pour le moins, peu accidenté.
DS. L'Oflag XB est situé dans l'Allemagne du Nord, dans la province de Hanovre, à l'Est de la Ville de Nienburg sur Weser, bâtie sur les bords de la Weser, la rivière qui vient au-delà de Cassel et qui se jette après Brême, dans la mer du Nord. Cette ville se trouve à 50km de Hanovre, 60km de Brême, 120km de Hambourg, 300km de Berlin. Pas de danger de bombardements.
En venant de la gare (ligne Hanovre à Brême) on laisse la ville à droite. Au bout de 10 minutes de marche, après avoir contourné les bâtiments de la caserne, on arrive au camp.
Il est installé en pleine campagne, sur un sol sablonneux, plat, sans horizon, tout au plus, à l'est, une légère éminence fait tâche sombre avec sa forêt.
Les alentours du camp sont humides, presque marécageux par endroit, soumis au régime maritime. Le camp est souvent battu par le vent. Il n'y a pas longtemps ce fut une véritable tempête qui fit voltiger et tomber à terre la toiture assez pesante d'un wc extérieur et les guérites des sentinelles. L'été il soulève de grands nuages de sable.
L'eau de pluie s'écoule lentement, formant de grandes mares autour des baraques, fournissant aux artistes au camp sujets à de beaux tableaux de reflets. Les officiers ont des sabots, cela ne les gêne pas.

Le camp

Le camp. Dispositions générales

DS. Le camp forme un carré de 300m de côté environ. Il est entouré d'une double rangée de fils de fer barbelés (haut 2,5m) avec, entre, des chevaux de frise. Pour qu'on ne s'approche pas du réseau, un fil tendu au raz -du-sol, à 4m des barbelés, délimite ce qu'on appelle le "no man's land", bande de terrain où les prisonniers ne doivent pas mettre le pied, sinon on tire.
À chaque coin du carré et au milieu des côtés, il y a une tour carrée en charpente de bois, dominant le réseau. Ce sont les "Miradors" où se tiennent les "postens" (sentinelles) de garde, avec fusil armé, mitraillettes, projecteurs. La nuit, de nombreuses lampes électriques éclairent la ligne épineuse.
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Sur la face ouest s'ouvre la porte, près du poste de garde et d'un mirador. Tous ceux qui pénètrent ou sortent doivent montrer patte blanche à la sentinelle baïonnette au canon.

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Passé la porte on pénètre dans un enclos assez grand, cerné lui aussi pas des barbelés et réservé à l'hôpital, à l'infirmerie, aux douches et à la prison. Les prisonniers n'y vont que pour user de ces services.

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Les terrains entourant les bâtiments ont été mis à la disposition des officiers pour le jardinage et l'élevage des lapins.

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Après avoir franchi un deuxième portail gardé par une deuxième sentinelle, voici devant vous la grande allée des poubelles, terminée par un rond-point. Cette allée, partage le camp en deux. À gauche s'alignent les baraques numérotées de 1 à 7; à droite celle numérotées de 8 à 11, avec, en plus, la cantine, les réfectoires de part et d'autre de la cuisine derrière laquelle on a construit la "nouvelle baraque", celle où on distribue les colis.

Derrière les baraques 3 à 7 s'étend un espace sablonneux appelé "la plage". Pour la promenade, on fait le tour du camp, longeant les barbelés, au bord du "no man's land". C'est la piste sur laquelle on tourne, on pivote.
Il y a 11 baraques (block) abritant les prisonniers (de 250 à 300 prisonniers chacune). La baraque 8 est réservée aux ordonnances. Les officiers supérieurs sont dans les baraques 9 et 10.
Les baraques 1 à 6 sont construites en briques, les autres en bois. Les planchers sont sur pilotis; toutes sont chaudes; celles du nord un peu humides. Elles sont partagées par un couloir médian sur lequel s'ouvrent deux rangées de chambres de différentes grandeurs (4 petites chambres vers le milieu pour 2 à 6 officiers). À l'entrée se trouvent les pièces réservées aux lavabos, aux wc pour la nuit, à la buanderie. Deux fenêtres font les chambres lumineuses et aérées. Dès la tombée de la nuit, les volets sont clos.
Un espace de 20 à 30 mètres sépare les baraques. On y a installé les séchoirs. Devant les baraques court un sentier de gravier relié à l'allée des poubelles pavée : c'est moins fatiguant que le sable pour la marche.
Les chambres blanchies, plafonnées, de grandeur variable, comportent toutes un même mobilier: lits à 2 ou 3 étages, en bois, avec paillasse (plus une enveloppe de paillasse, un drap, une taie d'oreiller, des couvertures), tables, bancs et escabeaux, armoire, poêle, poubelle. Parfois il a manqué de la place à table et des escabeaux; on vivait sur les lits.
L'ensemble forme un tout harmonieux [?], aéré, propre, confortable [?]. Tout souci doit donc être écarté du côté logement, hygiène et froid.
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Organisation générale

Organisation générale

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DS. Le camp est commandé par un Colonel allemand (ex prisonnier de guerre chez les russes en 1914-1918), aidé de plusieurs officiers responsables des divers services, chargés spécialement de passer l'appel matin et soir.
Les officiers français sont groupés par "Kompagnie" dont l'effectif correspond à celui des habitants d'une baraque. Un officier français connaissant l'allemand, le "Führer baraque" la commande. Il présente la compagnie aux appels, sert d'intermédiaire entre les officiers et les autorités allemandes, centralise les commandes pour la cantine, fait les distributions de soldes, d'objets venus de la cantine, des journaux.
Il est en contact avec les "Stube-Führers" (les "chefs de chambre") responsables de l'entretien des chambres, chargés de centraliser les commandes de la chambre, de distribuer la solde, les avis, de vérifier les présences à l'appel.
Les officiers français participent à l'administration du camp. Il y a avec un officier allemand plusieurs officiers français "de jour" (on les reconnaît au brassard marqué POV). Depuis le 1er janvier 1941, un commandant français dirige la cuisine et la distribution, aidé de jeunes lieutenants. Dès le début, les officiers français ont dirigé la cantine. Il y a des médecins français à l'infirmerie. Des officiers français ont aussi travaillé à la Kommandantur, à la trésorerie, à la répartition des lettres et des colis, à leur tri ce qui permet une distribution rapide de ces derniers surtout.
Des soldats français spécialistes aident les allemands dans divers services auxiliaires : entretien des bâtiments, distribution du charbon, de la literie.
Il y a des ateliers de cordonnerie (sans cuir) raccommodage des effets, 2 ou 3 salons de coiffure...
photos/oflag_xb_repriser.jpg D'après cette "petite annonce" l'atelier de raccommodage semble avoir de la concurrence !
photos/oflag_xb_coiffeur.jpg Et d'après celle-ci, est-ce à dire que la coupe militaire n'était plus de rigueur ?
Divers services sont assurés uniquement par des français tels : le service pharmacie qui fournit suffisamment tous les produits de première urgence, aspirine, pastilles pour la gorge, spécialités Bayer, de l'huile de foie de morue même ; le service librairie qui procure journaux et livres allemands ; le service bibliothèque qui dispose d'un nombre restreint de livres français à louer ; le service optique et horlogerie qui se charge de procurer verres et montures de lunettes et de faire réparer les montres en ville.

La cantine : service assuré par des français

DS. La cantine proprement dite procure les articles de bureau (papier, encre, crayon, colle), de toilette (glaces, peignes, brosses à dents, dentifrice (pas de savon, tous les mois les autorités allemandes nous font distribuer une petite savonnette, tous les trois mois un savon à barbe).
Une annexe spéciale fournit tout ce qu'il faut pour le dessin et la peinture.
La cantine fournit encore deux bouteilles de bière par semaine, trois à quatre fois il y a eu une bouteille de vin du Rhin pour trois officiers (à 3 ou 4 marks pièce).
Elle a procuré jusqu'en janvier un paquet de cigarettes tous les 5 jours. Depuis elle ne trouve plus à se ravitailler. Envoyez du tabac à vos fumeurs. Rien ne vaut le tabac français.
photos/oflag_xb_tabac.jpg Du tabac ! Ces "petites annonces" recopiées par le S/Lt Boursat l'attestent.
Depuis l'automne 1940, elle nous a obtenu des légumes : salades, choux, céleris, carottes, oignons, aulx, radis, etc. ; plusieurs fois de citrons. Heureusement car les gencives et les dents étaient attaquées. On y trouve du vinaigre, parfois du sel et de la moutarde. En principe rien de bien substantiel, rien comme nourriture proprement dite : pain ou viande.
Il y a deux mois on nous a proposé, par son intermédiaire, des perruches apprivoisées.
L'ensemble de ces services, permettant la solution de nombreuses questions de détails, fait cependant que la vie matérielle au camp est à peu près normale, la question nourriture mise à part.

Monnaie utilisée à l'Oflag

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Les officiers prisonniers continuaient à percevoir leur solde. Mais la plus grande partie était envoyée à la famille : la "délégation de solde". Le reste leur était versé, mais pas sous forme de vrais billets (certains auraient pu faire des économies, pour faciliter leur évasion...). D'où ces "billets", en ReichMarks et Pfennigs, qui leur permettaient d'acheter quelques suppléments de nourriture ou des objets divers. Je me souviens avoir reçu une boîte de crayons de couleur "stabilo", cadeau de mon père pour Noël 1941. (Jacques Mercier)


Le milieu

Le milieu

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DS. Il y a eu, au camp, jusqu'à 3500 officiers et ordonnances. Depuis le départ des aspirants, des sanitaires et de quelques isolés, ils sont 2800 environ.
Parmi eux il y a des officiers de tous grades, de sous-lieutenant à colonel, de toutes armes (l'avance allemande a été si foudroyante que tout a été pris : artillerie, santé, etc.). Pas d'aviateurs groupés dans des camps spéciaux. De toutes tenues : quelques variétés d'uniformes, de couleurs, d'écussons, de tous les coins de France, beaucoup de méridionaux (30 à 40 toulousains). De tous les champs de bataille (Meuse, Dunkerque, Somme, la Maginot) ce qui nous a valu des renseignements précis sur les opérations. De toutes conditions et professions (militaires de carrière, instituteurs (200) prêtres (70) ingénieurs, professeurs, agriculteurs, industriels, etc. ce qui a facilité l'organisation de toutes sortes de cours et conférences.
Dès le début, des groupes se formèrent. On afficha sous l'auvent de la cantine des listes à remplir : Bretons, Lorrains, Audois, Aveyronnais, Toulousains, anciens de Stan, de Saint-Cyr, Agriculteurs, gens du textile, alpinistes, philatélistes, s'inscrivirent, se découvrirent, eurent leur jour et leur lieu de réunion. On y dit les nouvelles reçues du pays ; on s'y entretint des intérêts de la profession, on y fit des conférences spéciales.
La formation de ces divers groupes ne nuisit en rien à la parfaite entente de l'ensemble qui forme un tout parfaitement uni, surtout maintenant qu'ont disparu les égoïstes (évadés) et l'énervement inévitable du début.
Pas de discussions politiques : il n'y a qu'un corps d'officiers français, un et digne, en face des vainqueurs respectueux.

La discipline

La discipline

photos/oflag_xb_4.jpg Arrivée de prisonniers.
DS. Il faut lui rendre ce témoignage, l'autorité allemande du camp n'est pas tracassière, vexante, pénible. En dehors des deux appels quotidiens (à 9h le matin, à 17h en hiver le soir) qui durent un quart d'heure ou 20 minutes à l'extérieur habituellement, dedans s'il fait mauvais temps, en dehors des rares visites inspections du Colonel ou de l'officier de jour, on ne voit guère les allemands. Et des officiers venus d'autres camps apprécient fort la paix qu'on laisse aux prisonniers de l'Oflag XB. On s'y lève et on s'y couche quand on veut. En dehors des heures fixes des appels et du déjeuner, on fait ce que l'on veut et quand on veut.
Je n'oublie pas, cependant, 2 ou 3 inspections, fouilles dans quelques chambres faites "manu militari" suivies de la saisie de notes personnelles à censurer et rendues ensuite.
photos/oflag_xb_appel.jpg L'appel (Officier allemand : Haufmann Rifling).
DS. On ne rompt les rangs que lorsqu'ils ont fini. Cela n'empêche pas, en attendant, de causer...

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Nos autres documents connexes

Commentaire d'internaute

Je tiens à remercier M. Jacques Mercier et Mme Coralie Aublanc Burlot, pour leur travail sur l'oflag XB, qui m'a passionné. Je suis le petit fils du commandant Cadennes Ambroise, prisonnier de l'oflag XB de juin 40 au 14 juillet 1942, date de son décès. J'ai mis en ligne les photos de son enterrement : http://nicolas.cadennes.free.fr/famille/ambroise_cadennes/
D'autre part, j'ai mis en ligne récemment des dessins de la vie quotidienne dans un oflag (j'ignore lequel, et ne connais pas l'auteur personnellement) http://cadennes-mignan.fr/?p=54
Nicolas Cadennes
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Kaff