../s3_ae.gif Captivité du capitaine Jean-Marie_Mercier, major de l'ouvrage du Metrich (SF de Thionville).
Dossier réalisé à partir de documents de M. Jacques_Mercier, que nous remercions vivement. E-R Cima ©2008-2016.
Témoignage
Destination : Oflag XB

Destination : Oflag XB

Dans ce dossier, nous vous présentons des documents relatifs au capitaine Jean-Marie Mercier_, major de l'ouvrage fortifié CORF du Metrich (A17, SF Thionville), prisonnier de guerre en 1940 après la signature de l'armistice entre la France_ et l'Allemagne_.


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Attestation du commandant du Metrich.

Le 1e juillet 1940. Le Chef de Bataillon Lauga_, Commandant l'ouvrage A17, certifie que : M. le Capitaine Mercier_ Jean-Marie, du 167e RI, faisait partie de l'équipage qui ayant cessé le feu le 25 juin à 0h35, a reçu l'ordre le 30 juin 1940 de se constituer prisonnier en vertu de la décision de la Commission de WIESBADEN.
Le haut commandement de l'Armée allemande lui a accordé les honneurs de la guerre et l'autorisation de conserver en captivité ses armes et bagages.


Arrivée à l'Oflag XB

Arrivée à l'Oflag XB

Honneurs de la guerre ou pas, en juillet 1940 le capitaine prend le chemin de l'Oflag XB, avec nombre d'autres officiers de diverses unités.

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Dès son arrivée à l'Oflag XB, il est photographié.

Curiosité !

On lit "168" sur le képi et "167" sur les pattes de col !

Explication : en 1938 le capitaine Jean-Marie Mercier est à la première compagnie du 168eRIF (régiment à trois compagnies), à l'ouvrage fortifié de Metrich. En 1939, avec l'arrivée des mobilisés, chaque compagnie de temps de paix augmente d'effectif et devient un régiment.

La première compagnie du 168eRIF du temps de paix devient le 167eRIF, la deuxième compagnie garde le nom de 168eRIF et la troisième compagnie prend le nom de 169eRIF.

Le capitaine passe donc du 168eRIF (temps de paix) au 167eRIF (temps de guerre) et... garde son képi du temps de paix.


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Le capitaine porte l'insigne du Metrich et l'insigne du 168eRIF.


Témoignage

Témoignage depuis l'Oflag XB

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Le document original mesure 8cm x 17cm.


«1er juin 1941. J'écris aujourd'hui jour de la Pentecôte. Le temps
«est beau. Pourquoi sommes-nous encore ici alors que
«notre présence serait si utile ailleurs ? Pour
«combien de temps sommes-nous condamnés à
«vivre encore ici ? Nous avons bien l'espoir de revoir la
«France bientôt ! Mais ce n'est pas une certitude.
«Cependant il faut [-] favorablement. Pour
«ma part, je me vois rentré avant la fin de l'année;
«bien avant, au mois d'août par exemple, je serai auprès
«de toi pour le 28 août ! Pourquoi pas ?
«Voici bientôt un an que je suis ici ! Le temps passe et que
«de choses se sont déroulées depuis un an. Il y a un an
«j'étais encore à l'ouvrage, confiant dans notre succès
«malgré l'avance allemande dans le Nord. Ce n'est que
«le 13 juin que j'ai commencé à comprendre. À cette date
«nous sommes restés abandonnés dans nos ouvrages, vivant
«sur les réserves et attendant l'encerclement. J'avais
«encore confiance malgré tout. Le 15 juin, sur ordre, des
«détachements ont quitté les ouvrages, ils n'ont pas été
«loin. Le 17 nous devions partir aussi. Le colonel [-],
«d'accord avec ses voisins en décida autrement. Notre
«mission était de résister jusqu'à l'épuisement des munitions.
«Il n'y avait qu'à l'exécuter. En ce qui concerne l'ouvrage
«de Metrich, nous ne fûmes pour ainsi dire pas inquiétés
«par l'ennemi. Cependant il était autour de nous.
«Le 15 un [-] être [-] Nancy ; j'ai su depuis
«qu'il était parvenu. Le 16, les allemands étaient à Nancy
«Nous étions bloqués, mais décidés à la résistance. Nous
«pouvions tenir 3 mois. Jusqu'à l'armistice nous avons
«tiré. Nous avons aussi été bombardé, mais nous ne
«risquions rien à 40 mètres sous terre. Il y eut donc
«rien de grave pour nous. Notre seul souci était le sort
«des familles. Le 17 juin, la TSF m'apprenait que les
«allemands avaient franchi la Seine à Melun et à
«Fontainebleau. Où étiez-vous alors ? C'était le début
«[-]
«Je suis alors resté 13 nuits sans dormir. Le 26 juin,
«après l'armistice, j'eus une lueur d'espoir. Dans la
«pièce voisine, j'entendais le colonel parler des conditions
«de l'armistice : nous ne serions pas prisonniers. J'en
«pleurais de joie. Hélas ! Ma satisfaction fut de courte
«durée. Le canon s'était tu. Le soleil éclairait la belle
«campagne lorraine mais nous étions toujours là attendant
«que notre sort fut réglé. Le 30 juin nous apprîmes que
«la commission de Wiesbaden avait décidé que nous
«serions internés. C'est le colonel Marion (?) qui servit
«d'agent de liaison, nous le vouâmes aux enfers !
«Il fallait céder la place aux allemands. Tous nos
«efforts, tout le travail de plusieurs années allaient ainsi
«passer dans d'autres mains ! Cependant, les
«allemands nous assuraient que notre internement
«serait bref. La guerre allait finir, les anglais seraient
«battus avant 6 semaines. Le général von Gre [-] Cdt.
«le 45ème corps d'armée régla donc les conditions de notre
«départ. -Pour honorer la ferme persévérance des troupes
«de la ligne Maginot les officiers partiraient l'arme en
«blanc- (sic). Nous emportions nos bagages. Le départ
«était fixé au 4 juillet matin. La troupe défila
«devant le colonel. Instant émouvant. Nous étions
«vaincus et il fallait abandonner le sol que nous
«devions défendre. Les allemands furent alors très
«dignes. Un colonel allemand assistait au défilé
«mais ce n'était pas à lui que les honneurs étaient
«rendus. Il n'était là que pour représenter l'armée qui
«allait occuper les ouvrages. Aucune morgue
«dans son attitude. Pour nos soldats [-]
«ils avaient encore la fierté de n'avoir pas été
«percés. Les ennemis avaient pu passer derrière
«nous mais la ligne était intacte.
«Nous devions nous embarquer à Besch (?), petite gare
«immédiatement après P [-] Le trajet se fit en partie à pied
«pour la troupe. Personnellement je fus transporté en auto
«car. De Besch (?) un train nous amena à Trêves, notre
«séjour dans ce lieu fût de courte durée, le 5 nous le
«quittâmes pour aller à Mayence, où nous ne restâmes
«que quelques heures le 6 juillet et le 7 nous étions
«à Nienburg que je n'ai jamais quitté depuis.
«L'oflag XB, un champ de 10 hectares, à peu près
«carré, avec quelques bâtiments pour nous abriter
«une ceinture de barbelés surveillée par quelques
«sentinelles. Notre vie, je l'ai déjà sommairement
«exposée. Depuis le 7 juillet elle n'a pas varié. De
«Nienburg je ne connais que le chemin de la gare
«Au camp pour l'avoir fait une fois. Lorsque je le
«referai dans l'autre sens, ce sera certainement pour
«revenir en France. Que ce soit le plus vite possible !
«Les débuts furent pénibles. Entassés à 24 dans une
«chambre en plein été. Comme couchage une paillasse
«sur des planches. Comme nourriture, le matin
«une tasse de glandine (jus de gland). A midi une
«gamelle de soupe ou une douzaine de pommes de
«terre avec une assiette de sauce. Jamais de viande.
«Boisson : de l'eau. Le soir un petit morceau de
«saucisse (de foie de poisson, ou de boudin ou de
«couenne). C'était tout. Pas de dépenses physiques
«mais à ce régime là on ne devrait pas engraisser.
«Ma graisse fondait, mon poids diminuait.
«Cela n'était rien, c'était le manque de nouvelles
«qui me torturait par dessus tout. J'avais écrit
«le 6 juillet de Mayence une carte spéciale, mais
«je n'avais pu donner mon adresse. Le 11 j'avais écrit
«une carte à Fontainebleau (elle ne devait arriver que le
«11 septembre). Nous restâmes ensuite jusqu'au 11
«août sans écrire. Nous pûmes alors envoyer une
«carte en zone libre; j'écrivis à Tonneins à tout
«hasard Le 20 août même autorisation même
«destination donnée à ma correspondance. Je n'étais
«heureusement pas le seul à être privé de nouvelles.
«Quelle joie lorsque je reçu enfin le 30 septembre
«une première lettre de Clermont. Vous étiez indemnes
«après toutes les péripéties que vous avez dû subir.
«C'était le principal.

Encre invisible du Capitaine_Mercier

Jacques_Mercier : «Durant sa captivité mon père nous a adressé quelques lettres en toute discrétion, en utilisant un procédé d’encre invisible (ou presque). Le contrôleur du courrier de l’oflag, naïf, du moins au début, ne s’est douté de rien (ou peut-être s'en est-il fichu complètement).
Mais les gens parlent... les bruits courent et se répandent dans l'oflag... le contrôleur se réveille, trouve le truc astucieux ; il rigole sévèrement : ah ! ah ! ah !... Et mon père se retrouve puni peu glorieusement : un ou deux mois privé de courrier. Nous avons reçu un avis du commandant de l'oflag qui nous en informait aimablement.»

Procédé

Jacques Mercier : «On trempe une feuille de papier dans l'eau. On la pose sur une surface dure, genre vitre ou glace. On pose, par-dessus, une autre feuille sèche et on écrit sur celle-ci avec un crayon, en appuyant bien. La feuille mouillée conserve l'empreinte de l'écriture, genre filigrane. On la fait sécher et on ne voit plus rien, ou presque.
On s'en sert alors pour envelopper quelque chose, par exemple la bande d'envoi du journal : le Trait d'Union. Le destinataire, futé, qui est au courant, trempe la feuille dans l'eau et, ô miracle, les filigranes réapparaissent. On arrive à lire... péniblement.»

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Photo souvenir des occupants de la chambre 4, baraque 6 de l'OFLAG XB.
De gauche à droite :
Premier rang : ROBITAILLIE ; MERCIER ; de THEQ ; BALLEUX ; DAVOINE ; RICHARD
Deuxième rang : OUVRARD ; BOURLARD ; TELLIER ; MAERTEN ; RAYNAUD ; RICHELET


Annexes
Capitaine_Mercier

Annexes

Capitaine Jean-Marie_MERCIER (1900-1979)

Écrit par M. Jacques_Mercier, le fils du capitaine Jean-Marie_Mercier

État civil

Jean-Marie_Mercier est né à Fontainebleau (77) le 14 septembre 1900. Il est le fils du capitaine Pierre_Mercier (blessé à Reims en septembre 1914 et décédé en janvier 1915) et de Suzanne_DUCHESNE.

Marié le 28 août 1922 à Fontainebleau avec Mme Georgette_PETIT (1901-1989). Deux enfants : ma sœur Janine (1924-1985) et moi-même (né à Fontainebleau en 1931).

Carrière

Engagé à 18 ans, il fait l'école militaire de Saint_Maixent.

Après les garnisons de Paris, Quimper et Fontainebleau, en 1936, promu capitaine, il est muté à Thionville au 168eRIF (Régiment d'Infanterie de Forteresse).

En 1937-1938 il est affecté à l'ouvrage fortifié de Metrich (A17 - SF Thionville) et habite, avec sa famille, à la -cité des officiers- du camp d'Elzange.

En 1939 il est muté à Bitche (SF Rohrbach) puis retourne au Metrich au 167eRIF en qualité de Major d'Ouvrage (officier adjoint au commandant d'ouvrage).

Suite aux conditions d'armistice de juin 1940, il est fait prisonnier le 4 juillet 1940. Avec ses camarades il part alors pour l'Oflag XB de Nienburg Oder Weser, (son matricule : 1145. Chambre 4. Baraque 6) d'où il laisse sa famille sans nouvelles pendant 2 ou 3 mois.

Il est libéré en 1943, pour raison de santé, le régime Oflag lui ayant fait perdre 30kg !

Après 1944 et jusqu'en 1947, année où il prend sa retraite militaire, toujours capitaine il est Major de Garnison à Clermont-Ferrand.

Pendant les 15 années suivantes, et jusqu'à sa retraite en 1962, il est inspecteur aux Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (région Bretagne), et domicilié à Pornichet (44).

Il est Chevalier de la Légion d'Honneur, tout comme son père le capitaine Pierre_Mercier et son grand-père le capitaine Jacques_Mercier !


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E-R Cima, kaff, capitaine Mercier