../s3_ae.gif Année 2022. Billets d'humeur syndicale
Billets d'humeur écrits CHAQUE SEMAINE en 2022 avec pour thème : l'enseignement (Evelyne_Cima ©2022).

Les « billets d'humeur » 2022 d'Evelyne.

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6 novembre 2022
Des « trous » dans la raquette de l’Éducation Nationale !

La semaine dernière je vous ai parlé de Mme Aude Denizot, prof de droit à l’Université du Mans qui a poussé un cri d’alerte dans son livre « Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ? ».

Elle se tournait bien évidemment vers les méthodes préconisées par l’Éducation Nationale, appliquées tout au long de la scolarité des jeunes, et formant ainsi des étudiants souvent incapables d’écrire des phrases cohérentes et compréhensibles !

Ecrire des phrases compréhensibles n’est pas inné. C’est une question d’apprentissage lent et régulier. C’est à dire, par exemple, ne pas s’être habitué à n’écrire que sur des textes photocopiés et « à trous » où l’on ne doit que remplacer chaque trou par le mot qui semble le mieux convenir !

C’est de ces « trous » dont je vais aujourd’hui parler à ceux qui n’en connaîtraient pas l’utilisation préconisée par l’Éducation Nationale !

L’école « inclusive », c’est-à-dire l’école incluant en ses classes tous les élèves, quel que soit leur handicap, est une excellente initiative ; mais à condition, comme toute initiative, de ne la mettre en œuvre qu’avec des moyens adéquats et pré-réfléchis ! Ces derniers concernent, entre autres, une formation sérieuse et spécifique des enseignants confrontés aux divers types de handicaps : dyscalculie, dysorthographie, problèmes d’audition, de vision… Actuellement, sont-ils tous formés, ces enseignants ? Non !

Et pourtant, voilà que l’Éducation Nationale invite avec insistance les profs de français, ayant dans leurs classes des « dys » ou malentendants… à leur préparer des dictées à trous afin de les habituer à la dictée à trous qu’ils auront comme épreuve de Français au DNB (Brevet des Collèges) !

J’ai repris, ci-dessous, l’une de ces dictées. Elle a été donnée à certains élèves comme épreuve de DNB. Ils avaient à recopier le texte suivant en choisissant, parmi les mots entre parenthèses, celui qui convenait.
« Gaspar ne se (souvenais – souvenait) plus très bien de (ce – se) qu’il avait connu avant qu’ils arrivent ici, (a – à) Genna. Quelquefois, il pensait aux rues de la ville, avec (leur – leurs) noms bizarres, aux voitures et aux camions. La petite Khaf aimait bien qu’il (face – fasse – fassent) pour elle le bruit des autos, surtout les grosses voitures américaines qui foncent (tout – tous) droit sur la route en faisant (éclatait – éclater – éclaté) leur klaxon. »

Comment peut-on sérieusement apprendre l'orthographe de cette manière, sans la moindre nécessité de réfléchir sur le contexte puisqu'il suffit de recopier des mots même sans en connaître le sens et, en fin de compte, à chaque fois que l’on rencontre une parenthèse, de choisir « au pif » un des mots situés à l'intérieur de cette parenthèse ?

Et je comprends donc les profs de français qui se refusent à entrer dans cette triste mascarade dont le seul but semble être de donner des points pour cet examen. Ce n'est pas ainsi que je comprends une école inclusive !

Non aux dictées à trous ; des trous, il y en a déjà malheureusement assez dans la raquette de l’Éducation Nationale, et ce depuis des années !

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E-R Cima, kaff.