../s3_ae.gif 11-25 Juin 1940. Combats du XVe CA, relatés par le Général René Magnien, commandant le SFAM à cette époque. Ce document a été réalisé à partir de nombreuses sources dont, tout particulièrement, les archives personnelles de Mme Odile Daveau, petite-fille du général René Magnien, et de son époux, Philippe Daveau, que nous remercions vivement. Les informations relatives au GAO 548 sont de Matthieu Comas. E et R. Cima © 2004-2023.

SFAM. 11-25 juin 1940.
Combats du XVe CA.

1ère partie : les journées « tests »
11-19 juin.


Dans ce dossier, lorsqu'il est écrit, par exemple :
Nice
● pointez le nom et la carte se centrera sur lui ;
● pointez le symbole qui suit le nom et des informations du glossaire s'afficheront.

Le contexte

Le contexte.

Le 10 juin 1940, face aux Allemands, la « bataille de France » est quasiment perdue pour les troupes françaises.
C'est alors le moment opportun saisi par Mussolini pour déclarer la guerre à la France, avec d'autant plus de chances de l'emporter qu'en mai-juin 1940, l'Armée des Alpes a vu ses effectifs se réduire drastiquement, au profit d'autres théâtres d'opérations !

Les généraux français.

La défense française de la frontière franco-italienne est assurée par l'Armée des Alpes commandée par le Général d'Armée Olry.


Général Olry René.


Son XVe CA a pour mission de défendre le Sud-Est de la France, de Nice jusqu'aux vallées de la haute Tinée, zone couvrant le « SFAM du temps de paix ».
Ce XVe CA est aux ordres du Général de Corps d'Armée Montagne, du 20 novembre 1939 jusqu'au 25 juin 1940.


Général Montagne Alfred.


Fin 1939, le « SFAM du temps de paix » est divisé en deux parties comprenant, du Sud vers le Nord :


Général Magnien René.



Général de Saint Julien Marie Joseph André.



Remarques.

Remarques au sujet de la suite de ce dossier.

Le récit des combats dans le SFAM (du temps de guerre) a été écrit par le Général Magnien René qui le commandait. Sa petite-fille, Mme Daveau Odile, nous l'a adressé en 2004 et nous l'en remercions vivement.
Dans ce dossier, le texte du Général est affiché en utilisant cette typographie.

Nos remarques, précisions et autres informations, sont notées en utilisant notre typographie habituelle ou [celle-ci, entre crochets].



Historique des journées du 11 au 19 juin 1940 :
« observations et combats d'étude »
Début des hostilités le 11 juin à 0h.

11-12-13 juin

11, 12 et 13 juin 1940. Journées d'observation.

Compte tenu des circonstances évoquées plus haut, avant le début des combats le général Olri écrit :
« (...) Les forces italiennes sont notablement supérieures à celles de l'Armée des Alpes [environ 1 contre 6 !].
La nécessité s'accentue pour celle-ci de ne livrer qu'une seule bataille, sur la Position de Résistance.
Cette nécessité est exclusive d'un développement exagéré des mesures de résistance pour les Avant-Postes ou les Détachements avancés.
Exception doit être faite pour les Ouvrages bétonnés d'Avant-Postes qui, seuls, devront résister jusqu'à épuisement total des moyens, dans le but de dissocier le dispositif ennemi au cours de la prise de contact de notre Position de Résistance. (...) »

C'est l'une des raisons pour lesquelles nous constaterons que, du côté français, les combats vont essentiellement concerner les avant-postes et les SES et que ces dernières ne tenteront pas de forcer des passages pour pénétrer en Italie.


Le 11 Juin à 0 heure, les hostilités étaient ouvertes entre la France et l'Italie. Par ordre du Général Commandant l'Armée des Alpes toutes les destructions préparées en avant de la P.R. [Position de Résistance] étaient aussitôt mises en œuvre, à titre préventif, pour interdire à l'ennemi, dans toute la mesure du possible, une attaque avec appui massif d'engins blindés et pour gêner le mouvement en avant de son artillerie et de ses ravitaillements, au cas où il prendrait l'offensive.

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Cette photo d'époque nous permet de voir, autour du Sergent SUSINI Marcel, une partie des dégats causés par l'explosion, le 10 juin 1940, aux alentours de 23h45, du DMP de Menton Garavan situé juste en arrière du barrage-rapide du Pont Saint Louis
Photo ROBERT Lucien, membre de l'équipage du « Barrage-rapide » en 1940.

Seules ont été momentanément ajournées quelques destructions qui auraient gêné les propres communications des éléments avancés du S.F.A.M. Elles ont été peu à peu mises en œuvre par la suite, au fur et à mesure du développement de la bataille.


Les journées des 11, 12 et 13 juin furent sans histoire. Au contact, nos patrouilles d'Éclaireurs Skieurs signalaient que les Italiens se bornaient à aménager la crête frontière avec des réseaux et des armes automatiques partout où nous ne l'occupions pas en permanence.

Nos quelques postes avancés, à la crête frontière, continuaient à vaquer à leurs occupations sans que les Italiens ouvrissent le feu sur eux.

Nous ne cherchions pas d'ailleurs à revenir en force aux points d'observation habituels de nos patrouilles qui avaient été occupés dès le début par l'ennemi, mais nous mettions cette période de calme relatif à profit pour préparer encore de nouvelles destructions en avant de la P.R.


Remarques sur les 11, 12 et 13 juin

11 juin.

Activité importante italienne sur toute la frontière, sans coups de feu. Des avions italiens survolent le dispositif français ainsi que les arrières de ce dispositif.


12 juin.

Premier échange de coups de feu dans la vallée de la Tinée vers Cuson, position de la SES du 23e BCA.

Premiers tirs de l'artillerie française sur un détachement italien, à l'entrée de la Gordolasque.

Premier tir de DCA française sur une escadrille italienne, le long du littoral.


13 juin.

65e DI : près de St Martin Vésubie où stationne la SES du 94e BAF, une attaque italienne est stoppée et une contre-attaque, appuyée par l'artillerie, permet de s'emparer du Piagü, en territoire italien.

Premiers bombardements, par l'aviation italienne :
● de la gare de Cannes la Bocca (pas de dégâts ni de victimes),
● du terrain d'aviation de Cannes la Bocca (sans victimes) et, plus à l'ouest, du terrain d'aviation de Fayence (deux tués dont nous n'avons ni les noms ni les statuts).

Précision de Matthieu Comas que nous remercions : « Fayence est le terrain où est stationné le Groupement Aérien d’Observation (GAO 548), rattaché au XVe CA. Sa mission : observer la frontière. Sa particularité : être le seul GAO a avoir effectué des missions en Italie. »


Combats d'étude
14 juin.

14 juin 1940. Premières actions italiennes d'envergure sur le SFAM.

65e DI : journée calme. Quelques rares coups de feu.

SFAM : les Italiens occupent fermement la frontière Nord du SFAM et attaquent sa partie Sud.


Dans la matinée du 14, brusquement, au point du jour, l'ennemi tenta les premières actions de détails sur la frontière.
● D'une part il attaquait tous les points accessibles de la crête frontière du Treitore (Nord du Grammondo) à la mer (Sud du Pont Saint Louis).
● d'autre part, une patrouille d'Éclaireurs Skieurs [SES du 75e BAF] qui montait dans le brouillard au Capelet tombait dans une embuscade qui lui causait quelques pertes [1 mort, 1 disparu, 2 blessés] et la repoussait.


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Avant-poste du Col-de-Raus vu par un drone en 2019.
Photo Ellena Daniel et Cuny Philippe.
La Frontière est à gauche de la photo, à 2800m de l'avant-poste.

La SES du 75e BAF, commandée par le sergent Tschann, dépend de l'avant-poste du Col-de-Raus. Elle est stationnée dans de petits baraquements situés à 1100m de l'avant-poste et à 2200m du sommet du Capelet supérieur, d'où elle va observer les Italiens.
Ce 14 juin, elle grimpe en plein brouillard vers son observatoire lorsqu'elle est prise à partie par une mitrailleuse italienne installée sur le mont Macruera et par des Italiens déjà installés au sommet du Capelet supérieur.

Le bilan de cette attaque est de un mort (l'Alpin RIGOT Jean, 23 ans, mort très peu de temps après avoir été blessé), un disparu (l'Alpin LAGIER : est-il mort sans que l'on ait retrouvé son corps ?), et deux blessés.
Ce sont les premières victimes militaires de cette guerre !


De même, la patrouille qui montait à l'observatoire d'Anan le trouvait fortement occupé et, accueillie à coups de feu, devait se replier.

Mais dès le début de l'attaque notre supériorité s'affirmait sur deux points :
● la résistance et la valeur de nos petits groupes d'Éclaireurs Skieurs qui infligeaient des pertes très sensibles aux Italiens avant de se replier devant des effectifs bien supérieurs en nombre.
● La rapidité de déclenchement et la précision de nos tirs d'artillerie sur les crêtes et les débouchés de la frontière.


[Entre le Treitore et la mer.]

Le 89e R.I. italien et un Bataillon de chemises noires subirent au cours de ces attaques des pertes sensibles, surtout en Officiers et, poursuivis par nos tirs d'artillerie, durent finalement se replier sur la crête frontière en fin d'après-midi, ce qui permit aux S.E.S. de réoccuper la plupart de leurs positions précédentes de stationnement (Orméa, Plan du Lion, Granges Saint Paul, Castellar Vieil). Elles n'avaient subi que des pertes infimes [aucun tué].


Dans la nuit du 14 au 15, les Italiens ont occupé :
● d'une part toute la crête Nord, du Scandail au Pas de la Tranchée, où nous n'avions aucun élément fixe,
● et, d'autre part, l'observatoire du Campbel et les Granges d'Arrès.

> Visualisez, sur la carte,
la ligne de front occupée dans la nuit du 14 au 15 juin 1940.


15 juin

15 juin 1940

L'aviation italienne bombarde deux terrains d'aviation dans le département du Var (à l'Ouest des Alpes-Maritimes).

65e DI : journée calme. Quelques coups de feu.

SFAM : les Italiens attaquent dans le Saillant de Saorge et aux alentours de Breil.

Le GAO 548 fait une reconnaissance sur le secteur de Vintimille, reconnaissance qui ne peut pas être réitérée les jours suivants, à cause du mauvais temps.


Le 15 juin, dans la journée, le secteur de la Pointe de Lugo voyait les Italiens se porter en avant dans la région Campbel, Lugo et également vers le Mont Ainé et les Granges de Zuaine.

Nos sections d'Eclaireurs Skieurs, selon les ordres donnés, se repliaient en combattant et s'accrochaient sur les pentes descendant vers la La Roya, dans la région de Pèvé et au-dessus de Breil et de La Giandola.

> Visualisez, sur la carte,
la ligne de front pour les journées des 15 et 16 juin 1940.

> Rappel, sur la carte,
de la ligne de front occupée dans la nuit du 14 au 15 juin 1940.


16 juin

16 juin 1940

65e DI : quelques coups d'armes automatiques et de mortier vers Douanse).

SFAM : les Italiens poursuivent leur attaque dans le Saillant de Saorge et les alentours de Breil.


Le 16, la pression Italienne s'accentuait. Elle se manifestait surtout :
● en avant de Fontan, où deux de nos S.E.S. (à Scarassoui et à Pèvé) contenaient l'ennemi ;
● à l'est de Breil et au Cuore, où notre S.E.S., qui avait occupé un peu de territoire italien, pouvait maintenir ses positions.


17 juin

17 juin 1940

65e DI : attaque à l'arme automatique et au mortier au voisinage d'Isola et décrochage des S.E.S.

SFAM : les Italiens poursuivent leur attaque dans le Saillant de Saorge et les alentours de Breil.


Le 17, ces petites actions se terminaient par un véritable succès de nos S.E.S. :
● celle de Scarassoui (105e B.C.A.) se dégageait sans perte en stoppant l'ennemi, fort d'un Bataillon ;
● celle de Pèvé (24e B.C.A.) réoccupait les Granges d'Arrès et capturait une quarantaine de prisonniers ;
● celle des Granges de Zuaine et du Mont Ainé (85e B.A.F.) réoccupait ses positions qu'elle trouvait couvertes de cadavres ennemis. Notre artillerie d'ouvrage et de position venait de faire la preuve de l'efficacité de ses tirs sur les colonnes ou les rassemblements ennemis.

> Visualisez, sur la carte,
la ligne de front au soir du 17 juin 1940.

> Rappel, sur la carte,
de la ligne de front pour les journées des 15 et 16 juin 1940.

> Rappel, sur la carte,
de la ligne de front occupée dans la nuit du 14 au 15 juin 1940.


17 juin

Le 17 juin, tentative italienne de fraternisation.

Remarque : entre le 14 et le 17 juin, les Italiens sont loin d'avoir progressé sur leurs terrains d'opérations. Cela justifie, peut-être, certaines tentatives de fraternisation.

Le Gouvernement Français ayant fait connaître à midi qu'il avait demandé au führer allemand à quelles conditions on pourrait cesser le combat, de curieuses tentatives de fraternisation étaient esquissées par les Italiens vers la fin de l'après-midi au Pont Saint Louis, au Restaud et au Cuore. Ils nous annonçaient, sous le couvert de drapeaux blancs, que les hostilités étaient terminées, mais ne purent faire abandonner sa mission à aucun de nos éléments avancés.


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Ces tentatives de fraternisation ont tout particulièrement eu d'importantes conséquences sur l'équipage du « Barrage-rapide » du Pont Saint Louis.

De façon très schématique, cette tentative de fraternisation à Pont Saint Louis, a consisté, pour un colonel italien, à se présenter avec un drapeau blanc, devant la barrière du « Barrage-rapide », puis à demander fermement que la délégation qu'il dirigeait soit conduite à Nice, l'armistice étant signé !

Après hésitations, l'adjudant-chef GOUEZ qui commandait alors le « Barrage-rapide » (Il est au centre de la photo, en béret, quelques heures avant le début des hostilités. Photo de ROBERT Lucien) a cédé à l'officier supérieur italien et l'a fait escorter vers le quartier général du sous-secteur.

Le colonel italien fut intercepté en chemin, dans Menton, et le général Montagne en personne s'est saisi de l'affaire, a fait immédiatement reconduire le colonel à la frontière et a fait remplacer l'adjudant-chef par un officier.

C'est ainsi que, pour la suite des opérations, dans la nuit du 17 au 18 juin c'est le sous-lieutenant Charles Gros qui a pris le commandement du Pont Saint Louis.


Entre autres, nous avons relaté cet événement en détail dans notre plaquette
« Juin 1940, la glorieuse défense du Pont Saint Louis »
(auteurs Bernard et Raymond Cima et Michel Truttmann),
plaquette que nous vous invitons bien sûr à vous procurer chez Numilog :
https://www.numilog.com/ResultatRecherche/Editions-Cima/2758.Editeur#


18-19 juin

18-19 juin 1940

65e DI : attaque repoussée face à l'avant-poste de Conchetas.

SFAM : le 19 juin, à 9h, l'artillerie italienne bombarde les alentours de l'Aution ; bombardement stoppé par une contre-préparation française.

Les 18 et 19 Juin furent deux journées d'accalmie complète.
Nos observatoires, par contre, signalaient des mouvements intenses sur les arrières ; surtout autour de Vintimille ; des relèves s'opéraient chez l'ennemi qu'on voyait recueillir et transporter des morts et des blessés fort nombreux.


En fait, les Italiens se préparaient à attaquer avec des forces conséquentes. Leur attaque débutera le 20 juin et se terminera le 24 juin 1940.

Notre dossier sur ce sujet est en préparation.


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